dimanche 26 mai 2013

Histoire de terrain


Pas grand-chose de neuf sous le ciel haïtien…Tout se maintient, tout se déroule à peu près bien. L'article auquel je vous réfère ici ne date pas d'hier, mais comme il se rapporte à notre propre questionnement, je le partage avec vous avec plaisir. Mais lisez d'abord la citation ci-dessous:
« En Haïti, la propriété d'un terrain est souvent aléatoire. En l'absence d'un cadastre bien à jour, un terrain peut avoir plusieurs propriétaires à la fois, chacun brandissant un papier à l'appui de ses prétentions. Pas étonnant que les conflits fonciers y soient monnaie courante. Si les hommes de loi profitent du laisser-aller cadastral, le développement, lui, en souffre énormément. »
Voilà exactement la raison de nos hésitations à nous procurer un petit lopin de terre pour nous y construire un petit pied-à-terre en sol haïtien. Car oui, nous y avons songé et assez sérieusement pour nous laisser séduire par un prospect intéressant à tous égards. Mais lorsque nous avons entendu les déboires de certaines connaissances sur les droits de propriété d’un bout de terrain, nous avons été assez refroidis pour reconsidérer posément le projet, si tentant qu’il soit, sans se laisser influencer par l’image idyllique que nous projetions «sur l’écran noir de [nos] nuits blanches» (Nougaro). Car l’endroit est magnifique : tranquille, avec quelques énormes manguiers et quelques cocotiers, surplombant la mer sur laquelle il offre une vue imprenable, selon le cliché, avec en prime une petite plage privée. Il n’y a pas à en douter : vraiment un excellent choix.

Mais…

Mais il semble que la zone soit très prisée des étrangers — et pour cause, je le redis : c’est superbe. Or, qui, mieux que les étrangers fait office de pigeon? D’abord le prix demandé, que j’ai fait réduire des deux tiers afin que nous puissions commencer à parler sérieusement : j'ai horreur qu'on me fasse des prix de «blanc», je vous l'ai déjà dit. Et c’est là que, comme on dit, le chat est sorti du sac : les titres de propriété ne semblaient pas nets et nous avons eu comme un doute. Bien sûr, le propriétaire des lieux clamait haut et fort que le terrain lui appartenait bel et bien mais entre le dire et le prouver, il y a tout de même une différence, n’est-ce pas? D’autant plus que les limites de la propriété se perdaient dans le flou des paroles du type autant que parmi les roches volcaniques qui parsemaient le terrain. Rien de bien rassurant, vous l’admettrez (je ne parle pas des roches, bien entendu). Surtout quand on lit que pas plus de 10% des arpenteurs qui se prétendent arpenteurs le sont vraiment… Et que vaut l’arpentage, dans ces conditions? Dès lors je vous laisse imaginer la tournure que prennent les litiges qui ne manquent jamais de se produire dans les titres de propriété…

Si bien que, préférant éviter les imbroglios juridiques, nous avons simplement abandonné l’idée. Mais un peu à notre corps défendant, car l’endroit est charmant à bien des égards, je le redis. Cependant et comme le dit bien le proverbe : «Dans le doute, abstiens-toi», et donc nous estimons qu’il vaut mieux s’abstenir et continuer d'aller siroter notre rum sour sur la plage de l'hôtel...

Et si c'était une erreur monumentale?...

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