mardi 10 juillet 2012

Un autre problème


Le problème dont je vous entretiens aujourd’hui est nettement plus sérieux que celui consistant à identifier la bête qui fait «tac tac tac tac tac tac» (toujours une énigme, soit dit en passant). Car il s’agit d’un problème qui croît, qui s’amplifie et qui peut rapidement devenir hors de contrôle. Il s’agit de la pollution — problème universel s'il en est un — et plus spécifiquement et en référence à l’article du Nouvelliste de jeudi dernier, la prolifération des contenants de polystyrène (mieux connu sous le nom de styrofoam), lesquels sont utilisés à toutes les sauces, mais surtout comme contenants à repas. Cette pratique est relativement nouvelle et, pour plusieurs Haïtiens, moderne et progressive. C'est que le produit s’achète pour pas cher et plaît, en grosse partie parce que c’est un produit pratique, propre et, je le crois, à la mode du jour. Mais les plus avertis savent combien il est difficile de s'en débarrasser après usage et combien, de ce fait, il devient une source majeure de pollution sous plusieurs formes : visuelle, spatiale, environnementale, sans oublier le haut degré de toxicité du produit lorsqu’on le brûle et l’odeur pestilentielle qu’il dégage. Et je parle d'expérience. De toute façon, je ne vous apprends rien là que vous ne savez déjà.

Les usages du polystyrène sont multiples et variés — qu’on pense notamment aux propriétés isolantes du produit, très populaire entre autres dans les sous-sols des maisons modernes nordiques — mais son imputrescibilité, fort appréciable dans un contexte où l’on cherche la durabilité, devient un réel problème dans une utilisation ponctuelle et temporaire, comme c’est le cas pour les contenants à nourriture. Certains, parmi les plus gros utilisateurs de ces contenants, les ont bannis radicalement, justement pour des raisons environnementales et les ont remplacés par des simples contenants de carton, moins isolants certes, mais beaucoup plus aisément biodégradables. C’est le cas de McDonald, à qui on prête bien des défauts, mais qui a certainement vu le problème et s’y est attaqué avant de se le faire dire.

Haïti est fragile. Comme toutes les îles tropicales, sans doute, mais encore plus quand on pense à la densité de sa population. Car on a beau dire, mais l’humain, de sa seule présence, pollue. Emplit l’espace de ses déchets, des sous-produits de sa consommation. Et cela va des déchets organiques jusqu’aux industriels, dont la simple masse devient souvent le problème. C’est précisément ce qui se passe avec les contenants de polystyrène : leur nombre est tel que la masse en est énorme et de ce seul fait, difficile à gérer. Or, vous savez comme moi que ce produit, ou plus justement, ce sous-produit du pétrole est pratiquement indestructible,  sauf par le feu — et alors, ce qui se retrouve dans la haute atmosphère n’est pas joli joli — ou, si on l’enterre, s’avère d’une longévité atroce. Sur une île aux écosystèmes fragiles, c’est une catastrophe. Or, si plusieurs Haïtiens et Haïtiennes sont tout à fait capables de mesurer les impacts écologiques de cette pratique, la grande majorité des utilisateurs n’en ont rien à branler, de sorte qu’il ne sera pas facile de sensibiliser les gens à restreindre l’usage de ces contenants. Seule solution, les interdire, simplement, et leur préférer un contenant de carton.

Tout ça pour vous dire que la préoccupation ministérielle est là et que le premier ministre a, de fait, promis de s’attaquer au problème, voire de le résoudre. Une promesse qui me paraît difficile à tenir dans les circonstances, puisque, je le redis, ces contenants sont très populaires à l’heure actuelle et il me semble improbable qu’ils seront délaissés simplement parce qu’ils sont déclarés non écologiques… Mais de l’autre côté, il faut bien commencer quelque part et si le gouvernement voit le problème, il me semble que c’est déjà un pas dans la bonne direction. Le reste n’est qu’affaire de temps…

Sauf que pendant ce temps, le problème s’enfle…

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