mercredi 18 juillet 2012

Le savoir-vivre


C’est la semaine dernière que ma chère compagne m’a pointé ce texte en me disant qu’il pourrait faire l’objet de quelques commentaires en ces lieux d’écriture. En effet, après l’avoir lu, je convins sans effort qu’il y avait là matière à une belle comparaison entre ce que l’on voit ici, à notre petit hôpital, et ce que le monsieur raconte et qui, si l’on en juge par les commentaires publiés, semble refléter une bien triste réalité. Ce qui ne me surprend guère, mais qui n’en est pas moins dommage pour autant.

Je vous ai déjà parlé de la règle d’or, en éthique, celle qui consiste à ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’autrui nous fît (subjonctif imparfait pour ceux qui veulent tout savoir). Or, certains, certaines font hardiment fi de cette règle que, pour ma part, j’estime tout à fait sensée et traitent les autres comme s’ils étaient des manants, des hères, des trouducs, bref, vous me comprenez. Cela me paraît excessif et déplacé, même dans les cas où l’on a affaire à de parfaits imbéciles (car oui, il s’en trouve, hélas!). Alors vous pensez bien que lorsqu’on se trouve dans un endroit où le personnel a pour tâche de vous venir en aide, c’est doublement inacceptable.

Et là, les amis, je puis vous dire que je ressens une certaine fierté à vivre parmi les Haïtiens car ici le respect est bien ancré dans les mœurs. Je l'ai déjà dit : c’est une vertu qui s’apprend à la maison d’abord et que renforcent l’école et la société ensuite. Si bien que les gens qui viennent ici, à notre hôpital, sont extrêmement respectueux des pratiques en cours et attendent patiemment (sans doute pour cette raison qu’on les appelle ici patients) leur tour de voir le médecin. Et ce n’est jamais rapide, pour toutes sortes de raisons. Mais ils sont là, assis sur des bancs de bois, à la chaleur, malgré les ventilateurs, dans un chaudron d’odeurs qui n’ont rien à voir avec les fleurs, au cas où vous croiriez le contraire. Sans manger, sans boire, sans toilettes (sauf des latrines pas très accueillantes) à leur disposition, les gens attendent et si par malheur le médecin qu’ils attendent de voir doit se rendre en salle d’opération et qu'ils sont laissés en plan, ils reviendront tout simplement reprendre leur station le lendemain. Personne ici n’oserait critiquer le processus, encore moins le travail de l’infirmière ou celui du gardien de sécurité. Le respect, vous dis-je. Certains parleront d’ignorance, voire de peur de la grosse machine institutionnelle, d’autres banaliseront ce comportement, mais lisez les commentaires que les gens ont écrit à la suite de l’article de La Presse et vous verrez que la plupart de ces gens sont de l’avis de l’auteur : l’arrogance des usagers fait mal à voir. Genre honteux. Genre vulgaire. Genre déplacé. Cependant, certains commentaires expriment un point de vue plus réservé, qui me plaît assez. Car il est bien vrai que les choses ne sont jamais toutes blanches ou toutes noires. Tout est dans la nuance. Partout, il se trouve des gens qui ont dédain de leurs semblables et en même temps, il s’en trouve d’autres qui les apprécient et qui apprécient leurs services. Mais le respect s’apprend, c’est bien clair, et je dirais : le plus tôt possible. Cela dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire, ne l’oublions pas…

Il n’en reste pas moins que, même s’il s’agit là d’un triste constat, il vaut la peine de le faire et de le partager avec les autres. Car l’indifférence et le je-m'en-foutisme ne vont certainement pas dans le sens d'une meilleure société…

Aucun commentaire:

Publier un commentaire