mercredi 16 mai 2012

Matière à réflexion


Aujourd’hui, ce ne sont pas les méandres de la politique québécoise qui retiennent mon attention, mais bien ce beau billet, signé Michaëlle Jean — oui, oui, LA Michaëlle Jean bien connue de la population québécoise et canadienne et qui a porté le titre enviable de Gouverneure Générale du Canada. La GG si vous préférez. Je sais, je sais, vous allez me dire que les traditions britanniques, surtout en rapport avec l’ordre royal, n’ont rien pour pavaner, mais justement, pour avoir rencontré la dame, je puis vous assurer qu’elle s’est moins enflée du titre que plusieurs l’ont ou l’auraient fait à sa place… Or, voyez son texte et dites-moi que ce n’est pas bien écrit.. Dites-moi, si vous osez, que ce qu’elle dit ne sonne pas juste… Et pourtant, elle n’a pas à faire cela : elle le fait parce que dans son cœur haïtien, elle veut pour son pays d’origine ce que plusieurs qui pourtant y vivent mésestiment. Rêve-t-elle? Oui, bien sûr. Mais quel beau rêve, mes amis, de penser qu’Haïti pourrait un jour redevenir la perle qu’elle était jadis…!

Mais ce qui me frappe, c’est la dureté de ses propos envers les politicailleurs du pays, ceux qui ne pensent qu’à leur poche, leur image, leurs gains personnels, leur nombril. Et, gens du Québec, avec ce qui se passe encore présentement entre vos murs provinciaux, vous savez ce dont je parle, ce à quoi je me réfère. La démocratie, disons-le sans ambages, n’est pas une panacée. C’est un système boiteux qui fonctionne moyennement bien et qui comporte nombre de faiblesses. Et pourtant, c’est ce que nous avons de mieux pour maintenir un semblant de liberté d’action sociale. Malheureusement, plusieurs oublient que le principe démocratique ne s’arrête pas à la grosseur de l’ego de ses tenants, mais au contraire, présuppose un altruisme intégral, généreux et bien intentionné. Impossible? Non. Mais pas évident, ça, c’est sûr…

En fait, je me désole. Tant de voir la démocratie bafouée au Québec que de la voir si mal comprise en Haïti. Ou le contraire. Car l’un vaut l’autre, on ne se disputera pas là-dessus… Et dans tout ce crêpe-chignon politique, on ne peut s’empêcher de se poser la question de toute bonne histoire style "whodunnit" : «À qui le crime profite-t-il?» Et c’est là qu’on se rend vite compte que ce sont les personnes elles-mêmes qui, dans un jeu de pouvoir qu’on ne peut qualifier autrement que de puéril, tirent profit du piétinement de la démocratie. Et tiens, toi! En pleine gueule! En fait et pour tout vous dire, je m’étonne encore de voir à quel point, dans mon Québec natal où vivent des gens intelligents — au moins autant qu’ici en Haïti —, on cherche encore à cibler des personnes particulières, à vouloir à tout prix leur faire porter le tort de l’échec, ou celui de l’incompréhension — peu importe. Cette méthode du "Shoot the messenger" me semble un peu barbare et pas tellement efficace. Pour moi qui ne connais rien à la politique, je lis tout ce qu’on écrit sur le sujet. Je ne m’occupe que rarement de l’auteur, de ses manies ou de ses tics, mais plutôt du contenu de son texte. Mais j’en vois qui, hélas, perdent cette discrimination au profit d’un profilage de l’auteur qui le rend bon ou mauvais, blanc ou noir. Incidemment, c’est ce que disait La Fontaine dans sa très belle fable «Les animaux malades de la peste» et dont la morale est : «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir.»

Or, une personne peut dire des inepties une fois, et la fois suivante, tenir des propos tout ce qu’il y a de sensé voire de sage. C’est comme ça. Personne n’est constant, personne n’est égal. Pas même Foglia, ni tous les autres chroniqueurs, québécois ou haïtiens, que je lis sur une base régulière. Alors s’il vous plaît, avant de critiquer l’auteur, prenons le temps de le lire, si vous le voulez bien. C’est exactement ce que j’ai fait pour le texte de Mme Jean et je vous le recommande pour ce qu’il est : un beau texte idéaliste, porteur d’un flambeau visionnaire, un texte qui ne change pas le monde, non, mais qui porte à réfléchir et qui nous fait voir un coin de ciel bleu qui pourrait aisément se développer, pour peu qu’on lui en donne la chance.

Quant au Québec, je m’abstiens de commenter… Mais je puis vous dire que je ne suis pas fier…

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