mardi 1 mai 2012

L'ours à gants blancs


Le sujet n’est pas très sérieux, j’en conviens aisément. Mais il est cocasse et symbolique, du moins de la façon dont je l’interprète. Et puis, à la fin, y'en a marre de tous ces drames qui n'en sont pas et qui nous empoisonnent l'existence. Une pause s'impose.  Et c'est en lisant cet entrefilet paru récemment sur La Presse, que j'ai enfin souri.

En effet, si vous êtes comme moi préoccupés par les changements climatiques qui menacent les écosystèmes les plus fragiles, vous savez déjà que l’une des grosses espèces animales les plus menacées, c’est l’ours polaire, grand roi de la banquise arctique et symbole du froid et de la neige. Or, l’un des effets les plus aisément observables du réchauffement de la planète, c’est bien le rapetissement de la banquise arctique et, par le fait même, le rétrécissement du milieu de vie de l’ours polaire. D’où l’on peut aisément déduire que, si la tendance se maintient, ce noble animal s’éteindra inexorablement d’ici peu. Mais à lire l’article ci-haut mentionné, on découvre avec surprise que cet animal aux traits si bien adaptés au milieu polaire, n’a pas hésité, au cours des millénaires passés, à aller brouter dans le champ du voisin pour assurer sa survie! Évidemment, brouter est mal dire, puisqu’il s’agit ici d’un féroce carnassier, bien équipé pour éventrer tout ce qui vit et s’en délecter proprement. Mais vous m’avez compris. L’ours polaire a migré vers le sud lorsque, dans le passé, son habitat s’est réduit à une peau de chagrin et bien lui en a pris, puisque ce faisant, il a assuré sa survie jusqu’à notre ère! Mais le plus drôle, c’est qu’il s’est hardiment accouplé avec des ourses brunes! Alors dites-moi, vous ne trouvez pas que c’est une belle leçon de vie, vous autres? L’ours polaire, pas regardant sur la couleur du poil! Eh bien! Qui l’eût cru? Et les femelles, contentes de voir arriver la belle bête au blanc pelage, s’en réjouissaient d’autant plus que la bête était costaude, hein!

Première morale de cette histoire : blanc et noir vont très bien ensemble!

Deuxième morale de cette histoire : les femelles préfèrent les costauds!

Troisième morale de cette histoire : la survie d’une espèce ne s’encombre pas de racisme!

En fait et si ce n’était pas un phénomène scientifiquement démontré, ce pourrait être une excellente fable que n’aurait sûrement pas désavouée monsieur de La Fontaine…

Comme ceci, par exemple (sans comparaison avec le grand fabuliste, cependant) :

Un ours tout blanc et fort en gueule,
Cherchait partout, par monts, par vaux,
Une compagne qui serait seule,
Et qui pourrait lui faire un veau.

Mais le mâtin malgré sa taille
Restait toujours sur le carreau
Car les femelles, faute de mangeaille
Décédaient toutes sans dire mot.

Vint à passer une ourse brune,
En chair, bien ronde, toute en chaleur
«Holà! Beau blanc t’es dans la lune?
Ne sens-tu pas que c’est mon heure?

Oyant ces mots, le mâle polaire
Ressent l’appel et s'y soumet;
Il saute la brune sans tant s'en faire
La fait reluire comme un goret.

De cette union naquit l'ourson
Dont tous les autres s’émerveillèrent
Ni blanc, ni brun, joli grison,
Il fit la joie de la clairière.

Bon mois de mai à tous et à toutes!



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