lundi 9 janvier 2012

Mythes et réalités


L'article que je veux partager avec vous aujourd'hui date en fait de vendredi dernier. Mais j'avais la flemme et pas vraiment le goût de me plonger dans des commentaires qui, peut-être, n'auraient pas vraiment sonné juste. En outre, je venais tout juste de vous produire un petit texte la veille alors je me disais que vous n'étiez pas encore en manque... Enfin, les propos de l'article sont toujours d'actualité et toujours intéressants, surtout pour vous, lecteurs et lectrices, qui vivez loin et qui ne connaissez le pays qu'à travers ce que l'actualité en dit. Or l'actualité, trop souvent hélas, ne voit qu'en surface et juge aussi rapidement que péremptoirement, de sorte que le public est souvent trompé. Je vous l'ai déjà dit et vous savez que je m'élève souvent contre ces affirmations journalistiques fondées sur des visites au pays qui se mesurent souvent en heures. Les journalistes, ne l'oublions pas, sont des employés ou des pigistes qui n'ont qu'une idée, un objectif : vendre leur article à leur employeur ou à un client (dans le cas des pigistes) et gagner leur vie ce faisant. Or, ce qui va bien se vend mal, alors que ce qui va mal se vend très bien. En plus, écrire sur ce qui va mal est nettement plus aisé que son contraire, alors pourquoi chercher à démystifier ce qui est «vendeur»?

Mais les mythes dénoncés dans l'article valent qu'on s'y arrête. Car non seulement l'article remet-il les pendules à l'heure au regard de ces mythes, mais il nous permet de penser que s'il s'en trouve quatre ici, il s'en trouve sûrement d'autres. Je vous en donne quelques-uns plus bas. Mais d'abord, revoyons ensemble ces mythes démystifiés.

L'insécurité est certes le premier et sans doute le plus répandu. Il faut dire que les histoires sordides qu'on nous sert suffisent largement à alimenter l'idée que le pays n'est pas sûr et que la criminalité y fait rage. Et pourtant, selon les données mentionnées dans l'article, rien n'est moins vrai... Puis il y a cette histoire abracadabrante que les pauvres en sont réduits à manger de la terre pour tromper la faim qui les tenaille. Ici encore, si l'on fouille un peu, la vérité apparaît dans une tout autre perspective. Concernant l'épidémie de viols, je ne suis pas si sûr que ce soit un mythe... D'ailleurs, il est mentionné dans l'article que les données manquent pour confirmer ou infirmer l'hypothèse. Mais quoi qu'il en soit, ce n'est rien qui mérite de faire la manchette, comme la nouvelle l'a fait l'année dernière (je crois). Enfin, l'argent de la reconstruction qui disparaît n'est pas un phénomène nouveau : chaque fois que de fortes sommes sont en jeu, il y a forcément un certain pourcentage qui disparaît en fumée, mystérieusement. Mais ce n'est pas une situation qui se limite à Haïti : c'est partout la même chose et je pense qu'il faut être bien naïf pour s'en étonner. Ce qu'il faut retenir ici, c'est que l'argent promis n'est ni tout dépensé, ni versé en entier et que c'est au fil des projets que l'argent peut être utilisé à bon escient. Bref, ce sont effectivement des mythes, ou si vous préférez, des idées reçues sans critique et sans faits pour les appuyer.

Et je pourrais vous en citer d'autres, par exemple : «Aller en Haïti, c'est s'exposer à tomber malade, peut-être même du choléra»; ou «les mendiants sont agressifs»; ou «les Haïtiens sont tous des voleurs»; ou «tout ce que l'on mange, tout ce que l'on boit est une menace pour la santé», et quoi encore! Mais tout cela est faux. Certes, les pays tropicaux entretiennent des maladies tropicales typiques : malaria, dengue, choléra et autres, mais ce ne sont pas des maladies que l'on attrape si aisément. Le choléra, bien que grave, reste dans les limites du contrôlable et du contrôlé et le spectre de l'hécatombe qu'on a brandi au-dessus de nos têtes l'an dernier était exagéré et relève maintenant du mythe. Quant aux maladies liées à l'eau ou l'alimentation, ici encore, elles se limitent à la traditionnelle diarrhée du voyageur (la turista), une gastroentérite ou un simple empoisonnement alimentaire bénin. Rien pour en faire une maladie!... Quant aux mendiants, ce sont des enfants surtout et comme pour tous les enfants, un peu de fermeté vient rapidement à bout de leur maigre insistance. Il reste les voleurs... Vaut-il la peine de relever cette généralisation odieuse et injuste? Et pourtant, j'avoue l'avoir entendue textuellement, celle-là... Mais bon. Ce sont ces mêmes gens qui vous diront que les Arabes sont tous des terroristes ou que les Noirs sont tous des sales. Parler à ces gens, c'est se salir. Pour ma part, je préfère m'abstenir...

En complément de programme et pour terminer sur une note plus positive, je vous renvoie à cet article (en anglais) qui décrit ce que je suis en train de vous dire de belle façon.

En tout cas, j'ai bien hâte de voir ce qu'en dira notre belle visite...

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