lundi 24 octobre 2011

Une belle fête



Bon, eh bien ils sont venus une fois de plus et n’ont rien trouvé à redire sur le fonctionnement de notre petit hôpital. Ce qui, en soi, vaut le meilleur compliment, vous serez d’accord… Vous avez compris que je vous parle de nos chers patrons dont la visite trisannuelle est aussi réglée qu’une horloge suisse. Une visite sans histoire donc et c’est comme ça qu’on les aime.

Mais ce n’est pas de la visite des patrons dont je veux vous entretenir aujourd’hui, mais bien de la fête que nous avons eue pour les employés de l’hôpital. Quelques employées pharmacienne, secrétaire et infirmières chefs ont décidé qu’il serait bien de faire une fête pour les employés. Elles sont venues me voir avec cette idée fraîchement pondue, pour obtenir mon approbation et surtout, le financement qui devait aller de pair avec. Faut-il que je le précise : elles n’ont pas eu besoin de me supplier pour que je les encourage dans ce projet. Qu’elles ont réussi à organiser de main de maître, malgré l’inexpérience et le temps court qui leur était imparti. Si bien que, ce dernier samedi, juste après la visite des patrons, près de la moitié des employés se sont retrouvés à la plage à s’amuser, dans une ambiance très bon enfant, très insouciante, très rieuse. Les filles entre autres, ont eu un plaisir fou rien qu’à danser en rond en se tapant dans les mains; tandis que d’autres jouaient au ballon, aux dominos ou simplement, buvaient une petite bière en jasant avec le voisin. Boire une petite bière pour des gens qui n’ont pas les moyens de s’en procurer n’est pas banal, je le précise… Et pourtant, personne n’a abusé de l’alcool… Puis la nourriture, comme toujours très abondante et copieuse, et leur mets préféré, la chèvre gras et os inclus et l’incontournable riz collé. Vous dire qu’ils ont aimé serait peu dire : tout le monde s’est dit enchanté et désireux de remettre ça l’an prochain!

Le commentaire que je veux faire sur cette belle fête, c’est la joie de voir la joie des autres. Un phénomène contagieux, tous les humoristes vous le diront : le rire entraîne le rire, tout comme la tristesse déteint sur nous plus qu’on ne le voudrait, parfois. Mais ce n’était pas le cas en ce samedi ordinaire : ces gens-là étaient tellement contents, c’en était vraiment contagieux! Et tout ça dans une ambiance de belle camaraderie, sans souci de la position professionnelle ou sociale. Tout le monde en maillots de bain (certaines plus seyantes que d’autres, est-il besoin de le dire?), sans tambours ni complexes, tous égaux, tous libres, il y a de quoi revoir la nécessité de la Charte des droits et libertés, tiens… Et ce plaisir que rien ne crée autre que la compagnie de gens qui jouent ensemble sans soucis, sans compétition, sans arrogance, sans vanité, ce plaisir, les amis, vous émeut dans l’âme. On se prend d’optimisme, tout à coup. On se dit que les problèmes habituels n’en sont pas de vrais : seulement quelques petites poussières qu’une perception pessimiste transforme en montagnes infranchissables… La joie fait cela aussi, faut croire… En tout cas, une belle illustration, une fois de plus, que des adultes peuvent s’amuser comme des enfants avec rien et en tirer ce même contentement naïf dont les enfants ont la spécialité. Mais pas l’exclusivité. Car je vous l’ai dit : les Haïtiens sont très forts là-dedans…

Somme toute une expérience concluante pour tout le monde, y compris pour les absents qui s’en mordent un peu les pouces et qui se promettent bien de ne pas passer à côté la prochaine fois!

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