samedi 3 mai 2008

Le sabbat




Y’a-t-il des jours où il ne se passe rien, où on n’a rien à dire? Oui et non. Oui à la première question, non à la seconde. Car pour trouver quelque chose à dire, y’a qu’à s’arrêter et le déclic se fait.

Ainsi, en ce moment, c’est l’office des adventistes, dont l’église ou ce qui en tient lieu, est juste à côté de notre maison. Vous ne les connaissez pas ceux-là. Ils font partie de l’une (parmi tant d’autres) de ces églises chrétiennes protestantes qui contestent l’un ou l’autre dogme du catholicisme et qui, pour demeurer fidèles à leurs principes, ont dû rompre avec la tradition catholique. Comme je le dis, la rigidité catholique a évidemment donné naissance à plusieurs modèles parallèles, pas mauvais en soi—en autant que l’on soit féru de religion, s’entend—mais pas nécessairement meilleurs ni pires. Les adventistes, par exemple, croient à la seconde venue de Jésus (ils attendent toujours bien patiemment) et considèrent le samedi comme le septième jour de la semaine et donc celui qu’il convient de célébrer religieusement: c'est le sabbat. Pour nous, cela signifie des prestations vocales épouvantables de fausseté, le tout amplifié à haut régime avec un taux de distorsion à faire frémir. Heureusement, ça commence vers 8h30 le matin et ça ne dure que quatre heures, si bien qu’on peut parfois manger dans la paix revenue. Quelquefois, pour des raisons qu’on ne connaît pas—peut-être un sermon plus long—, l’office se poursuit plus avant, et alors, c’est notre heure de sieste qui en prend un coup. Alors on se résigne...

Mais ce n’est pas le pire. Le pire, nous l’avons vécu l’année dernière, en juillet, alors que cette bande de joyeux lurons a entrepris une «croisade» pour récolter des fonds pour la construction de l’église. Pendant près d’un mois, nous nous sommes fait casser les oreilles par des prêcheurs qui, ayant bien appris leur leçon de ces preachers américains qui déferlent à la télévision, nous faisaient une animation du diable et c’est bien le cas de le dire. Il n’y avait rien à faire : on ne pouvait même pas écouter un film, même à tue-tête, tellement leur vacarme était assourdissant. À court de solution, nous avons finalement cherché le salut du seul côté où nous pouvions le trouver : la fuite. Fort heureusement, la maison de Gelée, à tout juste 10 minutes en voiture, nous a permis de relaxer un peu après le travail. La chose a duré comme ça près d’un mois, c’est vous dire…

Mais il faut comprendre tout l’intérêt de ces manifestations religieuses. D’abord, les gens aiment ça. Dinante, notre cuisinière, y assiste religieusement—c’est le cas de le dire—et pourtant, n’a pas d’allégeance adventiste, mais elle aime ça, tout simplement. Ensuite, la religion, «l’opium du peuple», comme disait l’autre (Marx? Malraux?...) engourdit bien, engendre rapidement le sentiment de douce quiétude et de fausse sécurité qui, pour un peuple condamné à lutter sans cesse, marque un répit toujours bienvenu. Enfin, la fréquentation religieuse ne coûte rien, ou enfin pas grand-chose et si c’est tout le loisir qu’on peut s’offrir, pourquoi pas? Tout cela fait que nos voisins, les adventistes, ont toujours une clientèle assidue de fidèles. On peut dire que leur clients sont fidèles, tiens…

Et nous, contraints d’en subir les effets néfastes, que faisons-nous? Rien, nous tolérons. Car dans ce pays, tout est question de tolérance…

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