dimanche 12 janvier 2014

Un moyen comme un autre


Quand j’ai lu cet article, je n’ai pu m’empêcher de sourire. Car oui, c’est beau l’amour. C’est naïf et pur, c’est merveilleux et intemporel. L’amour est aveugle — bien plus que la justice si vous voulez mon avis, laquelle a tendance à distinguer entre les puissants et les paumés. Mais pas l’amour. L’amour ne voit rien et s’imagine tout. Même qu’un jeune Cubain bien baraqué puisse être en amour avec une aînée — tiens, appelons-la comme ça, la digne dame. J’ai souri, donc, car le scénario n'est pas nouveau et se reproduit assez souvent par ici. Avec les mêmes résultats, est-il besoin de le préciser…

Faut-il en vouloir au Cubain, au Tunisien ou à l’Haïtien qui se prête au jeu de l’amour sans y croire pour s’assurer une place au pays de l’abondance et de la facilité (ici, le Canada)? Non, bien sûr. «Qui veut la fin prend les moyens», dit le proverbe. Épouser en justes noces un Canadien ou une Canadienne demeure un sacré bon moyen d’ouvrir des portes qui, autrement, restent solidement, pour ne pas dire hermétiquement, fermées. Alors pourquoi pas? Sauf que, disons-le sans mentir, l’amour n’a rien à voir là-dedans et c'est bien malheureux pour ceux, celles qui se font berner.

On peut dès lors se poser la question : comment ces personnes, âgées mais pas gagas pour autant, peuvent-elles tomber si aisément dans le panneau? Comment peuvent-elles ne pas voir qu’elles se font exploiter outrageusement? On ne sait pas. Mais la stratégie marche dans de nombreux cas et je pourrais vous en citer au moins trois locaux qui ont abouti de la même façon que celui de la dame au Cubain.

L’un, entre autres, mettait en vedette un Canadien retraité et une jeune Haïtienne. Belle fille sexy, intelligente et articulée, volontaire et déterminée. Le type — appelons-le Gérard — en était complètement imbibé et malgré mes bons conseils, s’est rapidement marié à ce qu’il croyait être la perle rare. Beau et gros mariage célébré à Port-au-Prince sans regarder à la dépense. Gérard, vieux veuf, renaissait. C’est après que le chat est sorti du sac... Je ne vous dirai pas ce que Gérard a traversé ni combien l’aventure lui a coûté, en argent et en santé, mais il a finalement admis qu’il s’était radicalement trompé et qu’il n’y avait pas grand-chose à faire pour rectifier le tir, sauf écoper. Il a vraiment fait tout son possible, mais à un point donné, il a fallu qu’il se rende à l’évidence : le mariage n’était qu’un bateau naufragé qu’il valait mieux fuir avant d’y périr. La dame n’ayant encore aucun papier officiel lui permettant de débarquer au Canada, Gérard s’en est retourné sur le bout des pieds et je pense qu’on ne le reverra pas de sitôt en Haïti… À sa défense, je dirai que la dame était fort séduisante et drôlement habile dans ses manipulations… Mais le résultat pour Gérard n’en fut pas moins le même : un sale coup au cœur et un portefeuille considérablement allégé. Pas vraiment le temps de lui dire «je te l'avais bien dit», car il a douloureusement compris...

Vu de l’extérieur, on se dit que ces choses-là n’arrivent qu’aux naïfs et aux poissons. L’hameçon est si gros qu’on ne peut pas ne pas le voir, n’est-ce pas? Mais gardons-nous bien de juger. Car l’amour est aveugle, je vous le redis au cas où vous l’auriez oublié. Et je veux aussi vous répéter que dans un pays comme Haïti — ou Cuba —, le ticket de sortie du pays n’est pas facile à décrocher et tous les moyens sont bons, j’entends moralement bons pour arriver à cette fin. Notez qu’il ne s’agit pas ici d’une arnaque organisée et hiérarchisée, mais simplement d’individus qui veulent «s’en sortir». Alors je vous en prie, réservez vos jugements péremptoires et priez pour que cela ne vous arrive jamais...


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