jeudi 6 septembre 2012

Les élections du Québec


Vous ne m’en voudrez pas de vous parler un peu des élections. Certes, tout le monde y est allé de son grain de sel, les experts comme les amateurs, et tout le monde s’est retrouvé, qui dans le camp des perdants, qui dans celui des gagnants, mais pour quelle différence, je vous le demande. Vous gagnez vos élections? Bon, je veux bien, mais vous gagnez quoi au juste? Soyons honnête : pas grand-chose. À moins d’être étudiant, et encore…

Car il faut bien le dire : cette élection confirme le pouvoir des étudiants, ces petits nés de la dernière pluie qu’on croyait inaptes à avoir une opinion autre que de choisir entre un Big Mac ou un Teenburger. Or, il a bien fallu se rendre à l’évidence : les jeunes ont planté tout le monde et son père! Car ce sont eux qui sont à l’origine de la pression qui a finalement eu raison du bétonnage de Jean Charest. Eux qui ont fait croire au peuple — principalement montréalais, mais ne chipotons pas — que le Québec pouvait devenir une société différente, meilleure, axée sur le partage et la justice sociale, où les riches se dépouillent pour habiller les pauvres. Un rêve, bien sûr, mais un rêve que les jeunes ont porté haut et fort et qui a donné le ton à toute la campagne électorale, bien que pas mentionné en termes si simples. Quoi qu’il en soit et peu importe de quel côté on se situe, les jeunes ont provoqué le peuple et son gouvernement et la réaction s’en est suivie : élections déclenchées prématurément. Maintenant, le nouveau gouvernement est là, pour le meilleur ou pour le pire. Remarquez que je dis « ou ». Pas « et ». Car ce sera l’un ou l’autre. L’avenir le dira. Mais le changement, si timide qu’il soit, fait du bien, donne une odeur particulière à l’air ambiant, modifie la perspective et sème de nouvelles graines. Quant à savoir si ces graines germeront, seul l’avenir nous le dira. Mais quand souffle le vent du changement, il convient de le respirer à pleins poumons, ne serait-ce que pour s'oxygéner un peu...

Pour nous, terrés dans notre coin sur le bord de notre lac, là où « la vie au lac » se déroule à son rythme bien pépère, proche de la nature et des ses habitants, ces élections ne signifient pas grand-chose. Et pas parce que nous vivons hors de notre patrie! C'est tout simplement que le vent du changement ne vient pas jusqu’ici. Il ne pourra même pas faire frémir les feuilles de tremble (peuplier faux-tremble si vous êtes du type pointilleux); ici, c’est la pérennité des choses même si le milieu subit la pression sociale que subissent les plans d’eau... La forêt domine toujours le décor et peu importe comment la politique s’orientera, je reste confiant que le milieu physique restera sensiblement le même. Et qui s’en plaindrait? C’est un biotope complexe, varié, typé (faune et flore boréale) et fascinant. Juste pour vous dire, déjà, les couleurs de la forêt changent…

Il n’empêche, ces élections nous ont fait réaliser à quel point nous étions déconnectés de la réalité québécoise. L’allégeance à un parti politique? Pourquoi? Le parti libéral et son chef, sur lequel tout le monde a vomi récemment, a tout de même gardé le pouvoir pendant neuf ans! Franchement, s’il était si mauvais, comment expliquer cette longévité? Endurance du peuple? Ou simplement inertie?

En tout cas, je puis vous assurer d’une chose : on dira ce qu'on voudra des Haïtiens, mais dans ce pays, jamais le peuple n’aurait patienté neuf ans…

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