mardi 16 août 2011

Une image vaut mille mots


Il est rare que je vous fais un texte juste à partir de la photo. Mais il n’y a pas de loi qui m’en empêche, que je sache, et même si c’était le cas, je pense que j’aurais plaisir à l’enfreindre, tant la photo ci-dessus vient me chercher.

Car il faut vous dire que, depuis les quelque treize années passées à différents endroits du pays, nous avons eu le temps et la chance de nous y frotter, au pays. De faire connaissance avec sa géographie, son climat, ses méandres administratifs et, bien sûr, ses gens. Or, si vous vous souvenez, je vous ai souvent dit que ce qui fascinait le plus dans ce pays, ce ne sont ni les paysages, souvent à couper le souffle, ni la mer, ni le climat tropical mais bien le peuple. Les gens ordinaires qui vaquent à leurs occupations ordinaires et qui, ce faisant, nous présentent un joli morceau de vie. Mais comprenons-nous bien : ces gens vivent comme ils vivent et ne sont nullement en train de nous jouer une pièce de théâtre. Or, cette vie vécue au dehors, au vu et au su de tous les passants est souvent, j’oserais dire toujours, captivante pour les étrangers que nous sommes. Mais attention : rares sont les Haïtiens qui apprécient que nous, étrangers, désirions faire un cliché de leurs activités quotidiennes... Et à leur place, plusieurs, dont votre scribe préféré, protesteraient contre cette ingérence de l’étranger dans leurs affaires privées, même si elles ont cours en public. Simple question de respect. Même pour les enfants, il faut savoir s’y prendre, car s’ils acceptent assez bien de se faire prendre en photo, ils le font trop souvent mal, s’astreignant à prendre la pose qui est justement celle que vous ne voulez pas qu’ils prennent. Bref, faire de bonnes photos de gens, en Haïti, n’est pas facile, et je connais plusieurs professionnels qui s’y sont cassé les dents.

Et voilà que Whitney débarque…

Whitney est une jeune Américaine venue comme ça, juste pour voir comment les choses se passaient à une organisation voisine de la nôtre. Naïve, candide, toute menue avec son gros Nikon pendant à son cou, je me suis dit qu’elle allait sans doute essuyer de jolis quolibets de la part des Haïtiens qui en ont vu d’autres… J’avais tort. Non seulement a-t-elle ramassé des images époustouflantes des gens qu’elle a rencontrés au cours des quelques jours passés dans le pays, mais elle a en outre créé avec ces gens des liens qui forcent l’admiration. Comment? Simplement parce que Whitney n’effraie personne; elle parle avec des gens qui ne la comprennent pas (anglais) et qui lui répondent en créole (qu’elle ne comprend pas) et pourtant, pourtant, une communication s’établit et regardez encore la photo et vous allez comprendre. Une professionnelle? Non. Juste une personne simple et sincère qui crée un contact avec les autres et qui sait graver ce contact sur support numérique. La photographie de paysages n’est pas toujours facile, mais quand on y met le temps et que l’on connaît sa technique, on arrive à des résultats pas trop mauvais. La photographie de gens est une tout autre affaire. C’est le contact qui fait tout. C’est le rapport entre le sujet et le photographe qui fait la photo. Pas la technique — ou si peu; pas la patience, pas la maîtrise du volume, de la texture, du contraste ou de la couleur, pas même la composition. Une bonne photo nous fait sentir l’âme du sujet. Et je ne sais pas pour vous, mais pour moi, rares sont les photos qui m’apportent cette sensation. En tout cas, pas les miennes, à quelques exceptions près… Mais celles de Whitney m’ont laissé sans voix. Car ses photos, dont celle-ci-dessus n’est qu’un simple échantillon (je vous en mettrai d’autres), nous parlent, nous disent que ces gens, ces enfants, sont vrais, vivent et luttent, rient et pleurent, autrement dit s’efforcent comme tout le monde d’être heureux. Et avouez que c’est infiniment beau de voir ça..

1 commentaire:

  1. Yon bèl foto wi!
    Nou vle plis foto ankò!

    Chers Richard et Chantal, en début septembre et durant tout l'automne, je laisserai le pays, pour mieux revenir en fin d'année... Mais plus à PAP! En province où l'air sera meilleur.
    (Je ne sais encore où (pourquoi pas Okay!?) ni comment... n ap swiv)

    Je voulais en tout cas saisir l'occasion pour saluer l'auteur assidu de ce blog, toujours intéressant sur les petites choses de la vie au sud (d'Haiti)... car je compte bien le suivre de temps en temps depuis la Belgique!
    Portez-vous bien et à bientòt

    Nicolas

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