vendredi 5 août 2011

Pétard mouillé


Et si c’était vrai…

Et si c’était vrai qu’il y avait quelque part un Dieu bon et bien intentionné qui exerçait son droit de veto et intervenait lorsque les tempêtes nous menacent? Se pourrait-il que ce soit ça, l'explication?

Quand nous sommes arrivés en ces lieux, Sœur Évelyne, la fondatrice et directrice de l'époque, répétait à qui voulait l’entendre que les ouragans ne pouvaient frapper Les Cayes parce qu’un Monseigneur avait, sur son lit de mort, promis qu’il intercéderait en faveur de la ville auprès du Créateur (ou de Saint Pierre ou de la Vierge Marie, enfin vous me comprenez). Et je puis vous assurer que notre bonne sœur y croyait, à l’influence outre-tombe du défunt évêque des Cayes... Mais pour nous, pragmatiques et cartésiens, cela ne collait pas. Disons que nous préférions nous fier aux prédictions de la NHC (National Hurricane Center) qui dispose d’ordinateurs parmi les plus puissants au monde. On se disait alors que les invocations divines, c’était bien joli, mais bon…

Cependant, après le pétard mouillé que vient de nous faire la tempête EMILY, je commence à «branler dans le manche», comme on dit par chez nous. Car celle-ci était, avant qu'elle ne s'approche de nous, une belle petite tempête tropicale, avec des vents de 80 km et des tonnes de pluie. Or, arrivée devant nos côtes, elle s'est dégonflée, a perdu son souffle et son énergie... Miracle ou fantaisie météorologique?

Mais il y a plus : au cours des cinq saisons de cyclones que nous avons passées ici, jusqu’ici nous avons été épargnés, et j’ose dire : parfois miraculeusement. D’abord, regardez le tableau :
- 2007 : vers la mi-août, DEAN, un mega-ouragan (force 5) nous évite de justesse alors que sa course initiale le dirigeait droit sur nous. En octobre, KAREN nous traverse mais ce n’est rien que de la pluie; même chose avec NOËL en décembre.
- 2008 : FAY, une forte tempête tropicale, passe sur l’île, mais sans causer d’autres dommages que ceux causés par la pluie. GUSTAV suit et nous donne des sueurs froides, car lui aussi se dirige tout droit sur Les Cayes. GUSTAV, un ouragan de force 4, touche terre à Jacmel, épargnant Les Cayes où nous n’avons aucun dommage. Puis passent HANNA et IKE au nord du pays qui entraînent beaucoup de pluie et des problèmes pour le nord, mais pour nous, c'est le répit.
- 2009 : ERIKA se dirige sur nous, mais meurt de sa belle mort avant d’atteindre l’île.
- 2010 : TOMAS, initialement prévu pour nous frapper de plein fouet, esquive l’île et passe tout à l’ouest, frôlant Jérémie, mais sans créer de dommages majeurs.
- 2011 : Voilà EMILY qui, prête à frapper nos côtes, hésite, stagne, s’étiole et s’évanouit…
Certes, vous me direz que la saison 2011 n’est pas finie — en fait, elle ne fait que commencer — et on peut fort bien se retrouver cul par-dessus tête dans une tempête cauchemardesque. Je touche du bois. Mais cela n’enlève rien au fait que, depuis 5 ans et même davantage, les tempêtes passent sans nous affecter ou presque. Ce qui n’empêche pas certains désastres, bien sûr, comme ce fut le cas en 2004 lors du passage de JEANNE. Mais comme je l’ai dit dans ce texte, il y a une gradation dans l’intensité des catastrophes et je le redis : jusqu’à présent, nous avons été sauvés des eaux. Littéralement.

Reste qu’on peut se poser la question : par quel phénomène les tempêtes nous épargnent-elles? Sommes-nous statistiquement moins touchés que les autres îles des Caraïbes ou les contrées bordant le golfe du Mexique? Je ne le sais pas. Mais de voir ces tempêtes détournées, dirait-on, de leur lieu d’impact prévu me laisse perplexe. Hasard? Impondérables météorologiques? Ou simplement intervention divine? Pour les gens d’ici, l’explication est facile : Bondye konnen tout bagay : Dieu connaît toutes choses. Mais pour nous, les cartésiens, que penser?

Je ne sais plus… Mais juste au cas où, j’en remercie quand même le Ciel…

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