lundi 2 mai 2011

Pour commencer mai


J’ai l’habitude (maintenant, vous connaissez mes habitudes) de vous rappeler le premier mai. Il s’agit en fait de la fête du travail, célébrée internationalement et qu’on appelle par chez nous la «fête des travailleurs» pour la distinguer de celle qu’on appelle «fête du travail» et qui arrive le premier lundi de septembre. Mais comme c’est aujourd’hui dimanche et que la fête passe pratiquement inaperçue, eh bien je me contenterai de simplement vous souligner cette grande fête sans plus. D’ailleurs, qu’en dire?

Le pays va un peu mieux, depuis que certaines irrégularités politiques ont été revues publiquement et partiellement corrigées. On est encore loin de la transparence absolue, mais l’effort mérite tout de même d’être mentionné et a suffi à calmer, du moins momentanément, les ardeurs vindicatives des manifestants qui voulaient —avec raison dois-je le répéter — que ces scandaleuses injustices soient rectifiées. Mais disons que les moyens de pression utilisés me paraissent d’un goût douteux, et si vous avez lu mon dernier texte, vous comprenez qu’il s’agit là d’un euphémisme assez gros.

Le pire et ce que je ne vous ai pas raconté concernant cet incident de la semaine dernière, c’est que tous ceux, toutes celles qui nous entouraient déploraient, comme nous, ces façons de faire. En d’autres termes, quand il y a manifestation, il ne s’agit que rarement d’un mouvement du peuple : la plupart du temps, ce sont des jeunes pour qui cette activité ressemble davantage à un jeu qu’à n’importe quoi d’autre; style au gendarme et au voleur, tiens. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : triompher de la police sans se faire prendre. Dès lors, vous aurez compris que peu importe la cause, elle sera toujours juste et suffisante pour qu’éclatent ces manifestations qui ne sont rien d’autre, en bout de ligne, que la manifestation d’un mécontentement. Mais pour les gens ordinaires, ça reste avant tout un désordre (dezod, en créole), même si la cause en est juste et fondée. Or, il est assez intéressant de voir que ces gens ordinaires sont un peu malheureux de voir que nous, étrangers, avons à subir les contretemps du désordre que sèment les manifestants. Et non, ce n’est pas de la honte, mais plutôt une espèce de décence, un peu comme refuser de se dévêtir en public. Ce n’est pas honteux, ce n’est simplement pas décent. Vous me suivez?

Mais le fait demeure : ces manifestations éclatent à tout moment pour n’importe quelle raison et peuvent être réellement dangereuses car le degré de chaleur monte vite. En fait et pour tout vous dire, elles font partie des rares situations que je crains dans ce pays. Et ce que nous avons dernièrement vécu et que je vous ai narré dans mon dernier texte illustre bien mon propos : tout va bien jusqu’à ce qu’une étincelle, bien inoffensive en soi, mette le feu aux poudres... Et c’est ce qui a bien failli se passer…

Mais aujourd’hui, fête du travail (la vraie), tout est rentré dans l’ordre ou à peu près et la vie continue comme si de rien n’était. Tout le monde attend de voir ce qu’il adviendra des orientations politiques que le pays, sous la gouverne de M. Martelly, prendra, mais en même temps, tout le monde continue de vivre au quotidien. Car en Haïti, si l’on rêve au futur, on vit les deux pieds dans le présent.

Sur ce, bon mois de mai et profitez bien de la belle saison!

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