lundi 21 juin 2010

Solstice!


MEZANMI! Comme le temps file! Saviez-vous que c'était aujourd'hui le 21 juin, jour le plus long de l'année dans l'hémisphère nord? Bon, d'accord, vous le saviez. Mais c'est qu'ici, le phénomène passe complètement inaperçu. Comment, en effet, faire la différence entre quelques minutes? Sans vouloir (ni pouvoir) vous offrir une donnée scientifique, présentement, il fait jour à 5 h. Le 21 décembre, même pas une heure plus tard. Même chose pour la tombée du jour : présentement, elle se produit vers 19 h. Au solstice d'hiver, environ une demi-heure plus tôt. Alors qui s'en soucierait? D'où, incidemment, la non-nécessité de changer d'heure. En fait, la seule raison de le faire serait, comme elle l'a été jadis, pour imiter les États-Unis. Raison discutable, convenons-en, mais qu'on ne discutera pas ici.

Donc, je vous ai mis en veilleuse depuis quelques jours, je le confesse. Sur le "back-burner", comme disent vos voisins du sud qui, sans doute, font beaucoup la cuisine. Et je n'ai pas d'excuses. Le temps fuit, je l'ai souvent dit, et tout à coup on se retrouve dans ce loin qui est subitement devenu un présent. Comme quoi ce n'était pas si loin... C'est d'ailleurs ce que j'ai réalisé quand j'ai numérisé et exposé sur mon profil Facebook quelques photos qui me semblaient d'hier, alors qu'elles datent de quelque 30 ans! Le temps fuit, mais le temps fusionne aussi, et tout à coup, hier et demain se confondent avec aujourd'hui. Et c'est d'autant plus vrai dans ce pays où on a toujours l'impression d'attendre quelque chose et en attendant, ben on travaille! Et de ce côté, laissez-moi vous dire que ça roule... Entre les dossiers de dédouanement de marchandise et le toit qui coule, entre les voitures en panne et les lignes électriques qui prennent feu, entre les employées insatisfaites et les malades qui souffrent, on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer, je vous le dis tout net. Bref, ça va. Par ailleurs, ne dit-on pas que «Quand l'appétit va, tout va»? Or, je puis vous garantir que l'appétit va!...

Tout de même, je sais que vous attendez une mise à jour, si brève et insignifiante qu'elle puisse être, et c'est ce que je peux et veux vous offrir en ce jour unique. Quand il ne se passe rien, il ne se passe rien, inutile de fabuler et de vous raconter des drames qui n'en sont pas. Encore une fois, je ne suis pas journaliste, moi... Et la vérité c'est que notre quotidien se passe sans qu'on le sente passer, comme le proverbial couteau dans du beurre à la température de la pièce. Or et parlant de température, je peux vous dire qu'elle n'est pas dans le très frais en cette époque. Mais je suis sûr que vous le savez déjà, puisque j'ai déjà mentionné la chose à plusieurs reprises...

Donc, l'hôpital va. La ville des Cayes aussi et le pays, ben, toujours au point mort. Tout le monde râle de dépit, tout le monde est amer, mais jusqu'à présent, ça tient le coup. Et puis, il y a l'incontournable football! Il me serait difficile de l'éviter. Non pas par partisanerie excessive, mais plutôt par un effet d'entraînement qui, tout comme un torrent fougueux, emporte tout sur son passage. «Tout le monde en parle, alors ce doit être important», est un peu le raisonnement qu'on doit tenir en cette saison. Dans la rue, tout le monde ne parle que de ça. Les employés s'absentent, les malades ne le sont plus, les rues sont désertes, bref, la folie du Mondial est en ville. Que dis-je: dans le pays tout entier! Et pourtant, me direz-vous, Haïti n'est même pas représentée à cet événement monstre (pour ne pas dire ce monstrueux événement). Et vous aurez tout à fait raison. Mais cela n'empêche pas les fanatiques de se river devant la télé ou de river leur oreille à un poste de radio et d'écouter religieusement les commentaires des commentateurs qui, je vous le dis sans rire, à eux seuls méritent le détour rien que pour leurs variations tonales... Bref, la fièvre touche tout le monde, l'épidémie n'épargne personne et il faut, impérativement, parler foot si l'on veut parler avec quelqu'un--qui que ce soit. C'est comme si tout le reste était mis sur «pause» et qu'on avait arrêté la vie et sa pléiade de problèmes. Ici, aux Cayes, deux pays attisent les passions : le Brésil et l'Argentine. Qu'en sortira-t-il? On n'en sait rien. Mais le foot permet de se changer les idées, de participer, même passivement, à la folie mondiale et de se sentir de ce fait, citoyen du monde à part entière. Qui s'en plaindrait?

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