C'est rare. C'était courant avant, mais depuis le 12 janvier, c'est devenu rare: un dimanche à ne rien faire. Un dimanche relaxe. Pas au point de pouvoir s'exiler à la plage pour la journée, mais certainement suffisamment pour passer le temps à faire des activités qui ressemblent à un dimanche: lecture, musique, un peu de télé (je viens de voir l'excellent film de David Mamet House of Games que je ne saurais trop vous recommander si vous avez la chance), un peu de lecture, un peu de browsing sur le Net, quelques Sudoku... voilà un bon petit dimanche, vous ne trouvez pas vous autres?
Les Brésiliens sont là, mais je ne les ai pas encore vus ce matin. Farniente, vous dis-je... Mais s'ils ont besoin, ils nous le feront savoir. En fait, c'est justement pour cette raison que nous ne sommes pas sortis: au cas où. Je sais, vous allez me dire qu'il faudra bien se libérer de ce joug un de ces quatre, et dans un avenir pas trop loin de préférence, car on est tannés de ce poids sur nos épaules -- qui reste supportable, c'est vrai, mais dont la masse cumulative nous fatigue à la longue. Or, si vous vous souvenez, je vous avais dit que je craignais pour le long-terme: je vous ai parlé de stress et de son effet cumulatif. Eh bien c'est là où on se trouve, présentement. Mais je l'ai dit à plusieurs reprises, chaque jour qui passe est un jour vers le retour à la «normalité», pour peu que le terme puisse s'appliquer au pays et à ce qui s'y passe présentement.
Parlant avant-hier avec nos médecins, nous abondions tous dans le même sens, à savoir que l'endurance haïtienne était telle que, peu importe l'ampleur de la catastrophe, le peuple finit toujours par retomber sur ses pieds. Les gens râlent, mais ne lâchent pas prise. Ne se découragent pas, n'abandonnent pas, ne renoncent pas. «N'ap lite» (nous allons lutter) devrait être la devise de ce pays, tiens. Un pays où on ne se suicide pas, puisque le suicide est un renoncement, un abandon de la lutte, une reddition. Ici, c'est: «le peuple meurt, mais ne se rend pas.» «Tu nous as déjà tout dit ça», me direz-vous. Sans doute, sans doute. Mais c'est tellement important, tellement vrai que je me dois de vous le répéter. Et tellement différent de l'attitude des gens habitués à ce que tout leur tombe tout cuit dans le bec!... Prenez l'exemple de la tempête de neige qui vient de frapper l'est des USA et dont tous les médias font leurs gros titres. Il semble que la tempête ait même fait deux morts! Hou la la! Attention, là, on ne rit plus! Et le tremblement de terre en Haïti? Je vous parie une livre de jambon contre un livre sur les gens bons que d'ici la fin de février, le monde aura oublié c'est quoi Haïti et continueront de nous confondre avec Tahiti... Non, je ne ris pas...
Mais j'en reviens à mon petit dimanche tranquille. Il fait beau -- ciel bleu et soleil de plomb -- et Les Cayes est amorphe. Tout le monde vaque à des occupations légères, les gens vont et viennent, mais sans presse, et les corbeaux locaux n'en finissent plus avec leurs vocalises élaborées et bruyantes. Tellement que tout à l'heure, pour pouvoir lire tranquille, j'ai dû les chasser (ils se perchent tout en haut des palmiers royaux et jacassent à n'en plus pouvoir) à l'aide mon précieux slingshot, qui n'est pas vraiment une fronde ni un lance-pierre, mais juste un slingshot, tout simplement. N'empêche, ça les fait fuir pour quelques instants. Car ils reviennent, ces intelligents corvidés. Ils savent. Ils me regardent du haut de leur perchoir et c'est tout juste s'ils ne me chient pas dessus, tiens. Mais ils ne privent pas d'en rire, façon corvidés, bien entendu.
Et pour finir, tiens, je partage avec vous le plaisir incommensurable que j'ai eu de retrouver une personne qui m'était chère jadis mais dont j'avais perdu toute trace. Mais grâce à Facebook, c'est fait. Claudine, qui remonte à l'époque de l'Algérie (1975-77) a répondu qu'elle était bien elle!
Dites, n'est-ce pas extraordinaire?
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