vendredi 19 février 2010

On continue...

 

Allez, dites-le franchement: vous en avez ras le bol de mes complaintes haïtiennes et vous aspirez à une pause publicitaire, pas vrai? Une pause club-med, une pause plage dorée et mer de cristal, pas vrai? Eh bien nous aussi!!! Mais comme je le disais hier, nous sommes dans la phase 2 de la catastrophe, à l'étape où le spectaculaire fait place au routinier, mais un routinier pas évident. Non, non, je ne me plains pas, rassurez-vous. Je l'ai déjà dit et je veux bien le répéter pour les inattentifs (ceux qui sont dans la dernière rangée, au fond de la classe), nous n'avons rien à chialer, nous avons le ventre plein et une connexion Internet, alors... Mais chaque fois que je fais une petite visite aux patients hospitalisés, je trouve ça chaque fois un peu plus raide. Non pas parce nos malades souffrent, bien au contraire. Ils sont vraiment hyper bien traités, ici, je le dis en toute modestie. Les Brésiliens sont très humains dans leur approche médicale et prennent le temps, malgré la barrière de la langue, d'établir un contact avec le patient. Le vrai TLC, quoi! Mais c'est dur de penser que ces jeunes mères, ces jeunes mâles costauds, en seront réduits à une vie de misère noire--pas de calembour, je vous en prie. La photo d'hier, le sillon d'une larme sur la joue, illustre mon point, je pense. Mais les jours passent et le paysage se modifie. Un peu.

Entrevue vidéo hier. Le producteur, un Italien-américain, prépare un documentaire sur la situation actuelle.  Maintenant que les médias ont épuisé le sujet dans dans ce qu'il avait de voyant, on peut commencer à s'occuper du fond. J'étais l'interviewé. Je lui ai raconté tout ce que je savais et tout ce que je ne savais pas, de quoi alimenter un documentaire de 2-3 heures, je crois bien... Il était enchanté. Ne me demandez pas où ni quand ce sera diffusé, car je l'ignore et pour dire la vérité, je m'en contrefiche. Comme tout le monde qui me connaît le sait pertinemment, je parle comme je marche et n'en ai cure; alors pour jouer les vedettes, on repassera. N'empêche que, comme Luciano (le producteur en question) m'a dit, ces trucs-là, quelquefois ça rapporte gros. Et là, je suis preneur.

Ce matin, rencontre inopinée avec un délégué de la Croix-Rouge internationale. Un Anglais. Un vrai. Ressemblait vaguement à Pierce Brosnan (qui est Irlandais, tout le monde le sait, mais bon). Très distingué, très British, très intéressé et plutôt épaté de voir ce que nous avions fait depuis le début. M'a demandé tout bonnement comme ça si une ambulance nous serait utile... "La Croix-Rouge peut vous fournir ça", m'a-t-il affirmé. Présomptueux? Peut-être, mais il ne m'a pas fait cette idée. Alors il est permis d'espérer, pas vrai?

Donc tout ça pour vous dire, que malgré mon incessante complainte au sujet de notre fatigue et de notre découragement sporadique, on tient parce que d'autres sont salement plus amochés que nous. Au royaume des aveugles, les borgnes ne se plaignent pas. Et d'ailleurs, le soleil brille toujours, le ciel est encore bleu et la mer, ben la mer, justement on y pense...

Avec tout ça, je ne vous l'ai pas encore dit, mais aujourd'hui, je le pense: TGIF!

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