Mais ce n'est pas de nourriture dont il est question ici, ou plutôt, ce peut l'être par extension. Vous allez me suivre et vous allez comprendre.
Vous vous souvenez que je vous ai entretenus jadis de Raymond, l'homme qui construisait des maisons. Eh bien Raymond poursuit toujours. Il n'est pas au pays présentement -- et pour cause -- mais il dirige à distance les projets domiciliaires. Par mon intermédiaire. Alors il a un «boss», c'est-à-dire au sens créole, un gars qui connaît son métier qui exécute les travaux selon la méthode Raymond, laquelle, si vous vous en souvenez, donne des résultats surprenants. Or, en ces temps de destruction massive, vous avez compris que l’œuvre de Raymond prend encore plus de sens! Donc Raymond a pris des arrangements avec boss Ti-Jo qui devient ainsi son contremaître et l'exécuteur de ses commandes. Et ça marche plutôt bien. Ti-Jo est fiable, connaît la routine et fait preuve d'une certaine discipline personnelle, ce qui, pour un Haïtien, n'est pas toujours évident. Nous avons eu, lui et moi, quelques petites discussions pour finalement nous entendre sur une façon de procéder capable de donner les résultats attendus (en l'occurrence, une maison finie et prête à être habitée) dans des délais raisonnables.
Or, je vous l'ai dit (attendez: vous l'ai-je dit?): présentement et pour aller dans le même sens que Paul Farmer, ce dont le pays a besoin le plus, ce sont des emplois. Faut que les gens puissent travailler le plus rapidement possible, le plus régulièrement possible et toucher leur salaire sans délai. C'est la seule chose qui pourra empêcher l'éclatement du pays. Car sans argent, on ne peut vivre, je ne vous apprends rien là, et présentement, tout est plus cher et donc les Haïtiens ont besoin de gagner leur pitance comme tout le monde. C'est pour cela que je vous disais plus haut que, indirectement, mes propos avaient un rapport avec la nourriture.
Donc, toute initiative visant à procurer de l'emploi est louable et valable. C'est pourquoi lorsque Ti-Jo travaille, c'est une excellente chose, car ce faisant, il procure aussi du travail à d'autres et en plus, produit un résultat dont il a toutes les raisons du monde d'être fier: quoi de plus valorisant, je vous le demande, que de fournir un toit à qui n'en a pas?
Comme quoi malgré la misère endémique, il se passe quand même de belles choses, dans ce drôle de pays...
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