Je trouve assez fascinant de voir que pour une vie qui s'éteint, une autre s'allume. En fait, la proportion n'est pas égale, car la vie prévaut: pour chaque mort, c'est environ 2,4 vies qui s'allument. Les statistiques en temps réel (!) telles que compilées par Worldometers valent la peine qu'on s'y arrête un peu. Amusant et instructif. Mais je m'écarte.
Ce matin, je parle à une autre jeune fille, amputée celle-là juste en bas du genou (non, ce n'est pas celle de la photo d'il y a quelques jours, mais une autre). Je lui demande comment elle va. "Pa pi mal", me répond-elle en souriant. Je lui demande si elle a mal; elle n'a pas mal. Puis je lui dis que lorsque sa plaie sera guérie, on lui mettra une prothèse et elle pourra à nouveau marcher à peu près normalement. C'est là qu'elle me demande, en parlant de la prothèse: "Ki kote m'ap jwen sa?" Je lui dis de ne pas s'en faire, que ceux qui se sont occupés d'elle ne vont pas la laisser sans prothèse et que tout va s'arranger. Elle me croit. J'espère juste ne pas lui faire une promesse électorale... Et la vie continue, même éclopée...
Et puis il y a les adventistes. Vous allez me dire que ce n'est pas tout à fait dans le même ordre d'idée et vous aurez tort: car les adventistes, dans leur déni de ce qui se passe présentement dans le pays, sont une autre manifestation de la vie qui s'exprime, en dépit de la crise et de l'insécurité qui prévalent. Je ne peux pas vous dire si l'assistance à leurs assemblées est nombreuse; mais je peux vous dire qu'à tous le soirs que le bon dieu amène (et il en amène à tous les jours), il y a une "preacher" assez en voix, rien à envier à ses collègues mâles, laissez-moi vous le dire. Pour gueuler, elle a le style. Elle chante faux comme ça ne se peut pas, mais elle aime le micro, c'est bien clair. Heureusement, ces ébats vocaux ne durent pas trop: vers 8h-8h30, c'est fini. Et le clou, c'est la chanson thème: "À Toi la gloire...", entonnée avec force, enthousiasme, énergie, cœur et détermination. Chaque fois qu'elle attaque la chanson--car c'est vraiment de cela qu'il s'agit: une attaque--, je crains pour un autre tremblement de terre. Car on ne sait jamais comment la terre peut réagir à de tels excès sonores... Qui sait? C'est peut-être suffisant pour déplacer les plaques tectoniques!... Mais encore une fois, cet élan lyrique finit par s'estomper et la nuit peut enfin reprendre ses droits au silence et à la paix.
Enfin, une petite mention pour dire que Kyra, notre très chère, a finalement fini par arriver, qu'elle a déjà retroussé ses manches et qu'elle est prête à mettre la main à la pâte. Et si ce n'est pas la vie, ça, dites-moi ce que c'est!
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