mercredi 20 janvier 2010
Et une autre petite secousse avec ça?
C'est drôle. Hier, je vous parle de sécurité. Je venais à peine de plaquer mon texte sur le Web que les coups de feu retentissent dans la rue, et pas un ou deux, mais une véritable fusillade! Je pose quelques questions et on me dit que les prisonniers, incarcérés à la prison juste derrière le commissariat, lui-même à deux pâtés de maison de notre hôpital, les prisonniers donc se sont évadés et que maintenant, la police leur tire dessus! Mais on est où là? Entre-temps, tout le monde est sur ses gardes, personne n'ose sortir de l'enceinte et ma petite sœur préférée, une sœur de la charité de Calcutta (non, elle n'est pas de Calcutta la ville, en fait, elle est latino et s'appelle Guadalupe), explique au gentil soldat uruguayen qu'ils doivent rester ici et nous protéger. Dix minutes plus tard, des militaires avec de jolis casques bleus sur la tête et des armes que les maniaques reconnaîtraient sans doute font le pied de grue devant la barrière alors que les coups de feu claquent dans l'air de cette fin d'après-midi tranquille. Finalement, vers 18h, ça se calme. J'apprendrai ce matin que plusieurs évadés ont été repris et qu'on en a tué onze, pas moins. Je ne peux pas dire que cela m'ait rendu chagrin...
Mais on n'a pas encore fini...
Ce matin, 6h, alors que j'allume pour ma petite heure de lecture matinale, voilà que le lit se met à tanguer! Je me retourne pour partager l'expérience avec ma compagne, mais la profondeur de sa respiration ne laisse aucun doute sur son état de conscience, alors je passe. Plus tard, à la radio d'Espace Musique--la seule qui se laisse écouter--notre cher Gilles Payer confirme qu'effectivement, Haïti vient de subir un autre tremblement de terre! Et là je me dis: ce sera l'hystérie collective! Je jette un coup d’œil sur Internet: magnitude 6,1. De quoi énerver bien du monde...
Et en effet, dehors, on ne parle que du tremblement de terre qui vient de se passer. Un peu plus tard, l'infirmière chef me dit que les infirmières ne veulent plus aller dans la salle d'opération parce qu'elles ont peur que le plafond leur tombe sur la tête... Que de gauloiseries!... Je les réunis donc toutes et leur donne un "crash course" en géologie 101. Aborde la tectonique des plaques. Leur explique les failles qui traversent l'île et qui sont au nombre de trois. Leur affirme qu'un tremblement de terre, ça ne se prévoit jamais à la journée près. Leur illustre l'effet de l'onde de choc. Leur annonce qu'il y aura sans doute d'autres tremblements au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, mais toujours de force décroissante. J'affirme. Je garantis. Me fais convaincant. Si bien qu'elles me croient et acceptent de retourner dans la salle d'opération... Vous ai-je dit qu'il fallait faire tous les métiers ici?
Et voilà que des étrangers sont là. Les derniers en lice: des Espagnols qui prévoyaient s'installer à Port-au-Prince mais qui ont vite déchanté quand ils ont vu le merdier!... Alors ils ont commencé à regarder autour et se sont finalement dirigés vers Les Cayes. S'ils nous fournissent l'aide prévue, nous allons avancer un petit pas dans la bonne direction.
Comme vous le voyez, pas de philosophie aujourd'hui. C'est que j'avoue que je suis un peu fatigué aujourd'hui. "Bouké", comme on dit en créole. Mais d'autres sont pires que moi...
Et on tient le coup et une autre journée sera bientôt chose du passé. Peut-être qu'à force d'en empiler dans le passé, on pourra avoir un futur...
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Suite à ce nouveau tremblement de terre, on a aura tout vu... même une femme qui accouche dans la rue, le personnel de l'hôpital ayant sorti sa civière en panique durant la nouvelle secousse.
RépondreEffacerOui il y a des coups de feu, des blessés, des morts, mais il y a aussi des gestes merveilleux de générosité, et c'est ça qu'on doit retenir.
Vu de l'extérieur (du Québec) ça semble commencer à s'organiser un peu, mais on ne voit que ce que les journalistes veulent bien nous montrer... est-ce la réalité ?