Je vous ai parlé du mur, mais sans vous en parler vraiment, alors je me permets d’y revenir. Car c’est important, un mur. Quand on veut séparer deux espaces, on érige un mur ou on creuse un fossé; ou les deux parfois. Pensez à celui de Berlin, construit en une seule nuit, dit-on, et dont l’efficacité fera la honte de l’Allemagne moderne pendant 28 ans… Un mur isole, protège, limite l’accès, cache même. Or, c’est précisément la fonction que le mur dont je vous ai parlé dans mon dernier texte doit jouer : nous protéger et limiter l’accès à la propriété de l’hôpital. Vous allez me dire qu’une simple clôture fait tout aussi bien l’affaire mais vous aurez tort, car la clôture est nettement plus facile à franchir et laisse voir ce qui se passe de l’autre côté, attisant de ce fait les convoitises. Et puis une clôture de type "frost", ça se coupe sans trop de problèmes, comme on le voit dans tous les films, et il est relativement aisé de s’y frayer un passage.
En fait, c’est exactement ce qui s’est produit récemment : quelqu’un a tout simplement créé une brèche dans la clôture, se donnant ainsi accès à notre propriété sans que personne ne le sache et sans que les gardiens puissent s'interposer. Difficile de croire à des intentions honnêtes derrière ce geste et nous en avons eu la preuve lorsque nous avons appris que l’un de nos gardiens s’était fait voler ses deux moutons. Ne riez pas, de grâce! Le type en était tout remué, non pas pour la personnalité de ces doux animaux, mais plutôt pour leur valeur marchande, hélas!
Voyant la brèche dans la clôture, je pris la décision sans plus hésiter : ce sera un mur et haut avec ça. De cette façon, la propriété sera complètement entourée et protégée des éventuels petits voleurs. En fait, je pense que cette construction ne fait pas leur affaire puisque, en cours de route, on a coupé les barres de fer qui formaient le squelette des poteaux de béton — à la scie à métaux, c’est tout de même un assez long travail — et bien que je ne nie pas la valeur marchande du fer, j’y vois plutôt comme une protestation contre ce mur qui rend l’accès au terrain bien difficile, surtout coiffé de fil de fer barbelé coupant, (razor wire), qui n’a rien de décoratif, croyez-m’en… Mais il faut ce qu’il faut. Après ma bicyclette, disparue en octobre 2010 par la voie de l’inefficace clôture, il y a eu récemment la batterie de la génératrice, puis les moutons du gardien, sans oublier le fer d’armature… Bref, il est temps de freiner l’hémorragie. (Parlant de cette bicyclette, vous vous souvenez que je vous avais dit que je ne la reverrais sans doute jamais, eh bien j’avais tort : quelques mois plus tard, chez le marchand de vélos du coin (!), j’ai revu le cadre de cette même bicyclette. J’aurais pu le reconnaître les yeux fermés… Tout le reste avait été retiré et modifié, de sorte qu’il ne restait rien de la bicyclette originale que ce cadre rouge… Évidemment, le marchand n’était au courant de rien…)
Peut-être soulèverez-vous la question esthétique de ce mur : un ouvrage de blocs de béton gris, mesurant de plus de trois mètres de haut (sans compter le barbelé au sommet), n’est certainement pas ce qui vient à l’esprit quand on veut parler de beauté. Entendant nous : c’est carrément laid. Une laideur que, pour parodier Kant, l’on pourrait sans doute décrire comme une «universalité subjective», car j’en connais peu qui oseraient dire que ce mur est beau. Imposant, oui; massif, lourd, solide, nous sommes d'accord. Mais beau?...
Cependant, ce que vous ne savez pas, c’est la vitesse à laquelle poussent les plantes grimpantes dans ce pays. En quelques mois, le mur ne sera plus qu’un écran de verdure et malgré sa masse, en deviendra presque beau, à tout le moins reposant pour l’œil sans pour autant perdre de ses fonctions protectrices. Je vous en ferai une photo à ce moment-là…
En tout cas et quoi qu’il en soit, il n’a rien à voir avec le mur de la honte…
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