mardi 7 mai 2013
Haïti par la main
Lorsque je me fais dire, et par mon jeune frère de surcroît, que je me relâche, c’est qu’il faut que je m’y mette sans plus tarder, n'est-ce pas! Je parle de nos rendez-vous en ces lieux d'écriture, au cas où vous n'auriez pas suivi. Alors me revoici. Le plus drôle, c’est que j’avais déjà amorcé un texte qui ferait écho à celui d'hier de Chantal Guy qui, vous le savez si vous retenez ce que vous lisez sur ce site, nous offre de bons textes sur le pays : «Haïti, l'île magique», «Danser avec les lwa» (elle voulait dire 'loa'), voire quelques conseils pratiques tout à fait... pratiques!
Le texte de madame Guy s’attarde cette fois le forfait Haïti que Transat Tours propose maintenant depuis quelques mois. Je vous ai dit que j’en restais personnellement plutôt sceptique. L’intention m’en paraît noble, c’est vrai, mais je vous ai dit aussi qu’il y avait loin de la coupe aux lèvres… Je n’ai pas changé d’idée. Mme Guy conclut qu’il faut se hâter de réserver sa place, car ce forfait deviendra bientôt la formule des gens branchés. «Mon verdict : avec seulement 30 places par mois, réservez vos billets rapidement. Ce forfait a toutes les chances de devenir très "tendance"». Je n’en suis pas si sûr… Certes, il s’en trouvera toujours pour faire des choses différentes juste pour pouvoir s’en vanter après mais je ne souhaite pas que cette «tendance» devienne la marque d’un voyage en Haïti, style : «J’ai vu Haïti et ouf! j’en suis revenu vivant!» Haïti vaut mieux que ça. Et pourtant, Transat offre en sortant de l’avion, un étourdissant cocktail touristique haïtien qui, comme le souligne Mme Guy, risque de donner un peu la nausée : «Après un programme aussi décoiffant en seulement deux jours, on n'est pas fâché d'aller se reposer sur la plage.» Je ne dis pas que la capitale n’est pas intéressante, mais je maintiens que ses problèmes dépassent largement ses attractions et pour un ou une touriste peu ou pas préparé, elle peut représenter une source de stress nocif bien plus qu’une source d’émerveillements. Il me semble qu’il y a mieux à faire… Tout comme il y a mieux, beaucoup mieux que la côte des Arcadins, là où les plages (privées) sont minuscules et la mer, souvent sale, sans doute à cause de la proximité de la capitale ce qui est sans doute précisément en fait la raison pour laquelle on y emmène les touristes : parce que c'est proche (et non parce que c'est sale, ne pas se méprendre). En outre, j’ajoute, pour appuyer mon point, que les photos qui accompagnent l’article sont toutes prises à Jacmel, capitale du sud-est et fleuron glorieux de tout le pays. D’ailleurs, Mme Guy nous a déjà vanté les avantages de cette jolie petite ville. Alors dites-moi : pourquoi ne pas aiguiller les touristes vers Jacmel plutôt que la côte des Arcadins? Il me semble que cela serait plus approprié. Jacmel n’offre pas de longues plages de sable comme celles que nous avons dans notre coin de pays, mais ses décors sont très pittoresques, la ville est animée et délurée, on y trouve de forts jolies choses artisanales à bon prix et les bons hôtels ne manquent pas. Et je ne parle pas de Bassin bleu, une excursion qui, à elle seule, vaut vraiment le détour, comme dirait Michelin…
Cela dit, il est bon qu’une journaliste aguerrie qui, en plus, est déjà familière avec le pays, fasse les éloges d'Haïti. Je pense que la chose a nettement plus de poids que si elle provient d’un hurluberlu de ma trempe… Mais il faudra plus. Il faudra que le bouche à oreille se fasse et sans retenue, sans bémol. Il faudra que ceux et celles qui auront voyagé au pays se fassent ensuite les porte-parole du tourisme haïtien. Il faudra du temps. Et de l’argent, bien sûr. Et de la sécurité. Et des voitures de location à des tarifs abordables. Sinon, c’est le tourisme en boîtes de conserve assuré. Et Haïti mérite tellement mieux…!
Tout de même et juste pour voir : offrez-vous donc ce forfait avec Transat et dites-m'en donc des nouvelles!
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