jeudi 7 mars 2013
Le pied!
Notre aventure panaméenne se poursuit sans rien qui sorte vraiment de l’ordinaire. Hier, seconde journée de route, nous nous sommes perdus — brièvement je le précise — dans une ville dont nous avions mésestimé la taille, avons pris un sens unique à l’envers — et se le sommes fait dire en termes non équivoques, même si avec le sourire —, avons été arrêtés par la police sous prétexte d’avoir négligé un feu de signalisation (moi? lequel?) — un arrêt qui s’est terminé par un sourire et une exhortation policière à conduire prudemment, ce que je fais déjà, tout le monde le sait, bref, rien qui sorte de l’ordinaire d’un voyage comme celui-ci.
Tout ça pour vous dire que nous avons finalement atteint le Pacifique — direction sud (!), pour les férus de géographie, ce Pacifique que nous n’avions pas tâté depuis déjà des lustres et dont les vagues sont toujours aussi impressionnantes. La plage en est une de sable volcanique mélangé, ce qui, sous le soleil de cette latitude, le rend plutôt chaud, et vous comprendrez qu’il s’agit là d’un euphémisme car en fait, je m’y suis presque brûlé la couenne des pieds que j’ai pourtant épaisse… Mais l’endroit lui-même, trouvé en suivant les indications du guide Lonely Planet — dont j’ose ici faire une publicité gratuite — est fabuleux et mérite que je vous en parle.
Pourquoi? Simplement parce qu’il y a des gens dont le courage, la foi, l’énergie forcent l’admiration. Des gens qui rêvent et qui, plutôt que de soupirer, relèvent leurs manches, se mettent au travail et aboutissent à un produit final qui doit ressembler à ce qu’ils visualisaient dans leur univers onirique personnel. Ainsi en est-il de cet endroit, véritable opus d’un artiste constructeur. N’utilisant que des matériaux indigènes au pays — surtout le tek, le bambou et les rameaux de palmier —, Philippe (c’est le nom du maître d’œuvre, Français de surcroît) a conçu, élaboré, construit et aménagé ce domaine comme on en voit rarement et qui, bien avant l’ère écologiste, en pavait déjà la voie. Ici, pas de toc, pas de frime, juste une utilisation optimisée et créatrice des matériaux disponibles. J’en reste, pour ma part, béat d’admiration. Pour avoir donné moi-même dans l’auto-construction, j’en connais les exigences et je sais que, sans le feu sacré, le projet, si aisé qu’il puisse paraître à vue de nez, ne lèvera pas : trop de difficultés, trop d’imprévus, trop de contrariétés sapent l’idée première et tuent le projet. Mais ici, les difficultés ont été absorbées ou contournées et tout est de bon goût, tout est respectueux de l’environnement, tout n’est «qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté». Et les efforts pour y parvenir ne sont que les moyens que la fin justifie amplement!
Si bien que, s’y sentant si bien, on y reste — avouez que vous en feriez autant — sans rien faire que d’écouter les puissantes vagues de cet océan qu’on nomme pacifique (et pourtant!) et les petits oiseaux qui chantent sans s’exciter, rien à voir avec nos quiscales haïtiens, vous l’aurez deviné. Bref, l’endroit pourrait presque être qualifié de paradisiaque, si on savait à quoi ressemble vraiment le paradis. En tout cas, puisque nous sommes en compagnie française, je me permets d’utiliser cette expression un peu argotique dont j’ignore le fond mais dont je connais la valeur évocatrice : ici, c’est le pied!
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On est bien d accord Richard..Ns lisons le recit de tes aventures au Panama où ns ns sommes retrouvés avec delice car tu ecris trop bien!!Bisous!
RépondreEffacer(sommes à l aeroport..pr une heure et quelques encore..c est long..)