mardi 27 septembre 2011
Un autre départ
Y’a pas à dire : les départs se suivent mais ne se ressemblent pas. Enfin pas tous. Certains pour des raisons logistiques, d'autres pour des raisons économiques, certains enfin pour des raisons sentimentales, si l'on peut dire... Ainsi, quand on quitte Haïti, c’est toujours légèrement — je parle des bagages, au cas où vous n’auriez pas deviné —, alors que lorsque nous quittons le Québec, c’est toujours à la limite voire en excédent de ce à quoi nous avons droit. C’est que pour nous, quitter Haïti n’est que provisoire, puisqu’on y revient sans trop tarder. En revanche, quitter le Québec représente un exode qui lui s’étend parfois sur une période assez longue — 9, 10 voire 11 mois. Il faut donc faire quelques provisions, objets utiles ou carrément indispensables (matériel médical, précisons-le) qui ne se trouvent pas en Haïti. Cela dit, il me faut reconnaître que, comparativement aux premières années de notre vie en ce pays, l’approvisionnement est nettement en hausse. On trouve maintenant aux Cayes — et bien davantage encore à la capitale — des produits complètement absents il y a tout juste quelques années. Mais pour certaines choses, entre autres les équipements médicaux, il faut acheter ailleurs, et pourquoi pas au Québec tant qu’à y être…
Donc, on achète, on multiplie les valises (sacs souples en fait) et on repart souvent chargés comme des mules. Mais sans s’en plaindre... (Enfin pas trop...)
Côté cœur, bien qu’il nous soit toujours un peu pénible de laisser nos pénates nordiques derrière, il nous est toujours agréable de renouer avec ceux qui nous attendent en Haïti. Et pour tout vous dire, c’est une sensation plutôt agréable que celle de retrouver ses pénates : on se sent en territoire familier, en terrain de connaissance. Haïti est un pays différent de tout ce que l’Amérique du Nord a à proposer et au début, on ne s’y sent qu’étranger. Rien de plus. Puis, peu à peu, à peu près au même rythme que le pays vous apprivoise, l’on commence à apprivoiser le pays. À s’y sentir chez soi. Allez donc expliquer la chose! Mais ça marche. Et bien qu’il nous soit toujours aussi difficile d’expliquer à nos proches la ou les raisons de notre établissement en terre haïtienne, la plupart comprennent maintenant que c’est affaire de cœur plus que de raison et respectent ce choix, tout marginal qu’il puisse être.
Mais j’aurais tort de vouloir prétendre que le présent départ nous met en joie. Cette fois, plus que d’autres, il est triste. Pour plusieurs raisons. La température, par exemple : 24° C un 26 septembre, c’est pas commun. Je parie que, bien motivé, il eût été possible de se baigner dans l’eau du lac, tiens…! Et quand il fait beau comme ça, disons que ce n’est nullement un incitatif à s’envoler vers les tropiques… Pour nous qui résidons en forêt, cette température digne des très belles journées d’été est tout simplement merveilleuse et constitue une belle invitation à se promener le nez en l’air… tout en faisant attention aux champignons! Partir? Pourquoi? Pour retrouver nos petits problèmes? Pour souffrir encore de la chaleur accablante?... Euh… pas tellement... Et vous, ça vous dit? Et puis il y a d’autres facteurs qui rendent ce départ plus difficile, plus «tiraillant», si vous me permettez le québécisme… Mais je vous les épargne. Qu’il me suffise de dire que, puisque le vin est tiré, nous allons le boire; nous laisserons l’avion nous emporter vers ces cieux qui nous sont maintenant si familiers…
Somme toute, de belles vacances, comme toujours trop courtes mais qui nous ont tout de même permis de reposer notre carcasse vieillissante (je parle de la mienne, cela va sans dire) et de découvrir un coin bien spécial de ce pays qui nous a vus naître.
Et Haïti dans tout ça? Faut attendre qu’on y soit pour s’y remettre, n’est-ce pas? Alors un peu de patience, je vous en prie…
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