mercredi 19 mars 2008
« Pitit se richès »
Celui-là, vous ne l’attendiez pas, avouez! Traduction (pour les paresseux des méninges) : les enfants, c’est la richesse. Je vous ai dit dans ma chronique précédente que tout le monde n’était pas si malheureux que ça en Haïti, tout pauvres que soient les gens. Vous voyez maintenant pourquoi : les enfants représentent la richesse!
À prime abord, on peut douter de la validité du proverbe : après tout, financièrement, les enfants représentent un fardeau supplémentaire non négligeable. Ils faut les nourrir, les vêtir, les abriter, puis les envoyer à l’école (très coûteux, ça!), sans compter les inévitables problèmes de santé et les non moins évitables visites à l’hôpital qui s’ensuivent. Or dans ce pays pauvre, rien n’est gratuit, pas même les soins de santé… (J’y reviendrai.) Pourtant et malgré ce qu’il en coûte, tous s’entendent pour affirmer que « pitit se richès ». On comprendra dès lors que le taux de natalité ne soit nullement à la baisse et, conséquence directe, partout où se porte le regard, les enfants abondent. Et on les aime. On les prend, on les caresse, on les embrasse, on les gifle, on leur donne le fouet ou la férule, on leur tord les oreilles, selon les circonstances. Car les enfants sont aimés, pas idolâtrés. Ils sont respectés, mais on ne leur laisse pas faire les quatre cents coups pour autant. Et ici, point de propriété des enfants : les enfants sont des adultes en devenir, et tout adulte a le droit, sinon le devoir, de corriger un enfant qui agit mal, qu’il soit son parent ou non. Les enfants le savent et se le tiennent pour dit… Ce qui n’en fait pas des enfants tranquilles et effacés pour autant!
Mais l’essentiel n’est pas de savoir comment ces enfants vont tourner, s’il vont faire « quelque chose » de leur vie ou non; l’essentiel, c’est de les faire! Après tout, ne sommes-nous pas conçus pour cela? « Croissez et multipliez-vous », dit la bible. Qui a besoin d’encouragements supplémentaires?
C’est d’ailleurs ce qui a failli conduire à la catastrophe sidéenne : les relations sexuelles protégées étant complètement incompatibles tant avec la bible qu’avec le proverbe qui donne le titre de cette chronique — le but de la relation étant, rappelons-le, la procréation — la transmission du virus s’est rapidement accélérée. Mais heureusement, de bonnes campagnes de sensibilisation et d’information, alliées à des programmes de traitement très dynamiques ont renversé la tendance, si bien que les choses sont maintenant sous un contrôle relatif. Cependant, l’idée de « fè bagay » reste encore et toujours une excellente idée, ne serait-ce que pour passer le temps… Et puis, selon toute probabilité, on pourra ainsi avoir deux ou trois petits qui meubleront l’espace et le temps!
« Pitit se richès »; pas une richesse matérielle, on s’entend là-dessus, mais bien une richesse humaine, une richesse qualitative plutôt que quantitative. Qu’importe que les conditions de vie soient dures : les enfants, c’est l’espoir d’un monde meilleur pi devan, comme on dit par ici.
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