lundi 24 décembre 2012

Un autre Noël


Et alors? Êtes-vous comme moi chatouillé par l’odeur affriolante du cipâte qui cuit langoureusement? Je vous le souhaite, car s’il est un symbole du temps des Fêtes d’antan qui reste toujours vivant, c’est bien ce mets traditionnel, bien de chez nous et j’entends par là de ce Québec qui m’a vu naître. Incidemment, c’est le témoignage d’une anglophone,  Carole Blier-Schlueter, qui résume le mieux cette réalité : «This wonderful dish is a very old recipe originating from Quebec. It is a huge meat pie which is served for the Christmas Holiday. A delight!!!» Reconnaissance sincère s’il en est une et à laquelle je me rallie sans restrictions : c’est un vrai délice. Le cipâte (ou cipaille comme maman s’évertuait à l’appeler, histoire de bien «perler») est un plat qui se mange tout aussi bien à n’importe quelle époque de l’année, remarquez, mais que, pour ma part, j’associe toujours au temps des Fêtes, plus spécifiquement à Noël, puisque à la maison paternelle — maternelle devrais-je plutôt dire —, c’était après la messe de minuit qu’on s’en empiffrait. Et je vous garantis qu’après une marche, même courte, sous le froid de la nuit, jamais adéquatement habillé (puisqu’on sortait de la messe n’est-ce pas), qu’on rentre à la maison et qu’on y est accueilli par cette odeur, l’appétit s’excite et je vous jure, mes frères, oubliez les 70 jeunes vierges, le paradis, c’est ça!

Cela dit, il faut bien admettre que les tropiques ne « sentent » pas Noël comme nos pays nordiques. Et non, ce n’est pas à cause de la modestie des décorations de saison, ni à cause des différentes odeurs culinaires comme à cause du climat. Noël n’est vraiment pas une fête tropicale. Je l'affirme. Je vous ai dit déjà que, même dans une conception païenne, Noël était grandement célébrée dans les pays nordiques parce que, oui oui, vous y êtes, c’est la fête du retour de la lumière! Sous les tropiques cependant, la différence est trop minime pour qu'on la souligne. Quant à ce cher petit Jésus censément né ce jour-là, là encore, on le présente dans une crèche entourée de neige (!), tableau qui écarte radicalement les tropiques... Mais qu'importe, puisque la fête reste une belle occasion de manger le cipâte!

Incidemment, ne me demandez surtout pas le rapport entre ce plat copieux et la naissance de Jésus, je n’en sais strictement rien. Mais bon. Quelle différence cela fait-il en bout de ligne? Les traditions sont faites pour être maintenues envers et contre toute logique car leur fonction en est une de renforcement de la culture et de l’identité sociale. C’est une des raisons pour lesquelles, même sous les tropiques, nous nous efforçons de perpétuer cette tradition, l’autre étant bien sûr le plaisir des sens. Néanmoins, je vous concède que ce plat riche en hydrates de carbone et en protéines s’accorde mieux avec une température extérieure sous le point de congélation qu’avec les 28°C que nous avons ici en cette saison… Mais ça fait rien, c’est bon quand même!

Quant aux cadeaux qui font aussi partie des traditions, je maintiens que leur statut est beaucoup exagéré. Noël est maintenant une fête commerciale au même titre que la St-Valentin ou l'Halloween et les marchands comptent évidemment sur les consommateurs compulsifs pour élever sensiblement leur chiffre d’affaires. Rien de bien romantique ni de bien culturel là-dedans, mais tradition tout de même. Car oui, il y en a qui aiment ça... Mais pas nous. De toute façon, nous avons tout ce qu’on peut désirer et même davantage, alors…

Un autre Noël donc, notre sixième en cet endroit du monde où nous avons élu domicile. Comme d’habitude, rien de spécial au programme, mais quelques jours de congé restent toujours fort appréciés, quoi qu’on en dise. À toutes et à tous, ma compagne et moi-même souhaitons un Noël de paix et d’harmonie capable de vous donner chaud au cœur.

JOYEUX NOËL!!!

P.S. La photo représente le cipâte dans sa phase préliminaire; je vous en donnerai une autre lorsqu’il sera prêt…

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