samedi 15 décembre 2012
Transat Tours en Haïti?
J’ai lu cet article hier. En ai été saisi. Puis, j’en ai discuté avec ma douce moitié qui en a été saisie elle aussi. J’imagine que Transat Tours a dû analyser la chose en profondeur avant de sortir publiquement avec cette annonce, mais tout de même, pour nous, vu l'état du pays, disons que ça nous laisse sceptiques… J’espère seulement que, comme tous les sceptiques, nous serons confondus par le succès de l’entreprise. Mais pour l'heure, les doutes sont de mise…
J’ai abordé la question du tourisme en Haïti à quelques reprises dans cette chronique. Une dizaine de textes de facture variable. Mais qui reviennent toujours au même leitmotiv : le tourisme peut marcher ici comme partout ailleurs. Pourquoi alors ces réticences vis-à-vis l’annonce de Transat Tours? Simplement parce que ça me semble une affaire de charrue devant les bœufs. Car malgré l’annonce de l’ouverture du Royal Oasis, un hôtel de grande classe à Port-au-Prince, il me semble qu’on va vite. Style «prêt pas prêt, j'y vais!» J'avoue avoir peur que ce soit un peu trop vite et que, comme plusieurs heureuses initiatives, l'essor touristique meure dans l’œuf.
On parle en effet d’une expérience novatrice, destinée aux touristes qui apprécient le mariage «découverte et détente». Détente, à l’hôtel, sur le bord de la piscine, oui, j’y crois. Mais pas ailleurs. Y’a pas de détente à se promener dans ces rues surpeuplées où les scènes du quotidien sont au mieux sources de stress, au pire choquent carrément. Je sais, je sais : vous allez me dire que ça, c’est la partie «découverte ». Je veux bien, mais je ne suis pas sûr… «Ce que nous offrons, ce n'est pas seulement du sun and sand, expliquait jeudi, la porte-parole d'Air Transat, Debbie Cabana, à la suite de l'annonce par le transporteur de ce nouveau forfait. On n'isole pas le touriste. L'idée, c'est de lui faire redécouvrir le pays.» Et plus loin : «Transat se défend bien, avec sa nouvelle formule, de vouloir verser dans le tourisme voyeurisme». Tout ça est bien beau, mais dans la réalité haïtienne, il me semble que ça sonne creux.
Car pour ceux qui ne connaissent pas, Port-au-Prince, la capitale du pays, n’a rien de bien affriolant : rues bondées, circulation difficile à tout moment, odeurs nauséabondes, étalage excessif de pauvreté, sans oublier le risque toujours présent de se faire braquer ou d’être pris dans une fusillade… La capitale, c’est là où l’on va pour affaires et pour nous, c’est bien le seul intérêt qu’on y trouve. Les touristes auront-ils droit à un tour de ville guidé? Je vois mal la chose, mais bon… Quant au voyeurisme, il me paraît bien utopique de croire que l’on peut passer à côté. Tous les touristes sont, par définition, voyeurs. En fait, c’est précisément ce qu’ils veulent : voir. La réalité toute nue, sans filtre. Mais sans risque, n’est-ce pas? Faudrait quand même pas choper une balle perdue ou attraper la typhoïde, hein! Les touristes en auront-ils pour leur argent?
Mais en dépit de mes réserves, ma compagne et moi sommes d’accord qu’à «1,379$ par personne pour une semaine, comprenant hôtels, excursions et deux repas par jour», ce n’est pas si cher, compte tenu qu’un simple aller-retour Montréal—Port-au-Prince peut parfois coûter plus, selon les périodes d'achalandage. Mais il ne faut pas oublier non plus que pour moins de $1,000, on peut trouver, à Cuba ou en République Dominicaine, un tout-inclus les pieds dans le sable... Haïti sera-t-elle à la hauteur? Seul l'avenir le dira...
J'espère seulement que les premiers qui s'y risqueront ne seront pas du type qui, à leur retour, clament bêtement: «Chu t’allé en t’haïti la semaine passée!... On n'a pas trop mal mangé, c’tait pas pire… »
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