mercredi 28 novembre 2012
Ti-commerce
Quand je vous dis que rien n’est facile en ce pays…
Je prends aujourd’hui l’exemple des marchandes qu’on tente, sans grand succès, d’expulser des rues et des (rares) trottoirs qu’elles occupent — qu’elles squattent, pourrait-on dire — avec un entêtement féroce. La scène dont on parle ici se déroule à Pétion-ville, le quartier huppé — enfin, relativement — de la capitale. Mais en fait, le problème est majeur dans toutes les villes du pays : les étals des marchandes tapissent les rues et rendent la circulation automobile difficile, pour ne pas dire carrément dangereuse. Le mot d’ordre de la mairesse de Pétion-ville est pourtant non équivoque : «La chaussée aux véhicules, les trottoirs aux piétons et les marchés aux marchandes et marchands.» Mais comme toujours, il y a loin de la coupe aux lèvres, dans ce pays où l’individualité est défendue farouchement et où personne n’hésite à monter aux barricades si on les pousse un peu trop… Or, l'éviction des marchandes ne se fait pas sans heurts. Ainsi, au début du mois, une marchande de Pétion-ville a été tuée par des agents de la mairie, ce qui a entraîné quelques échauffourées que vous n’auriez pas aimées. Ni nous non plus d’ailleurs. Si bien que malgré une volonté administrative qu’on sent ferme, le problème persiste toujours et même, s’envenime.
Il faut bien avouer que les trottoirs ou le bord de la chaussée ne sont pas des endroits idéals pour monter un étalage des produits qu’on veut vendre. L’espace y est des plus réduits, le contrôle des produits est difficile, les conditions physiques sont contraignantes (vous allez où quand l’envie de pipi vous prend?) et la présence des voitures et camions rendent l’entreprise hardie, voire hautement risquée. Et pourtant, c’est là que ces dames (en majorité) veulent faire leur «ti-commerce», comme on dit en créole (ti kòmes). Car c’est là qu’elles sont habituées de le faire et c’est là qu’elles croient, à tort ou à raison, qu’elles ont le plus de chance de rapporter un peu d’argent à la maison, en fin de journée. Et les marchés publics dans tout ça? Ben les marchés, pour moi, c’est tintin, ne serait-ce que pour les conditions d’insalubrité mentionnées ici. «Viandes couvertes de mouches, produits étalés à même le sol près de tas d’immondices, les marchés de la région métropolitaine poussent un peu partout et dans les pires conditions hygiéniques notamment à Pétion-ville», affirme Haïti Press Network. Pas tellement invitant, n’est-ce pas… Plus loin, on ajoute : «Les conditions d'hygiène sont totalement inexistantes. Il n'est pas étonnant de tomber sur des vendeurs qui font leurs besoins physiologiques dans des marmites et des objets en plastique et les jettent dans l’enceinte du marché malgré parfois que certains marchés soient dotés de toilettes.» Alors ça y est? Vous voyez le tableau? Ça vous dit d’acheter vos pommes de terre ou vos tomates dans ces conditions? Moi pas tellement…
Et pourtant, pourtant, quel choix ont ces pauvres gens? Faut bien vivre, n’est-ce pas? Dans un pays où le chômage atteint des sommets inégalés, faut bien que les gens trouvent une façon quelconque de joindre un peu d’argent… C'est ainsi que certains kidnappent ou pillent, alors que d’autres installent courageusement leur petit étal de mangues ou de produits cosmétiques, c’est selon. Mais d’une façon ou d’une autre, ce n’est pas facile. Et croyez bien que je suis un peu gêné de taper sans cesse sur le même clou, mais il faut bien dire la vérité, même si elle n’a rien ici de séduisant. Comme le disait récemment le maire de Québec, M. Labeaume, présentement en visite en Haïti : « Le problème d'Haïti est que leur misère n'est plus à la mode. ».
Je n’aurais pas su mieux dire…
samedi 24 novembre 2012
Les impôts, c'est dur...
L’impôt sur le revenu, vous aimez ça vous autres? Non, je ne vous demande pas si vous en voyez la nécessité ou si vous en acceptez la légitimité, mais si vous aimez ça recevoir votre talon de chèque et constater que l’État s’est allégrement servi à même ce qui vous appartient, ou en tout cas, ce que vous croyez qui vous appartient. L'impôt n'est qu'une taxe, une de plus, mais assez costaude celle-là… Je ne crois pas que vous aimiez cela… Cependant et comme je l’ai sous-entendu dans ma phrase précédente, j’assume que vous en comprenez la raison d’être : nos impôts alimentent les coffres de l’État qui peut ainsi payer pour les produits et les services collectifs : routes et transports publics, collecte des ordures, nettoyage des rues, distribution d’eau potable, soins de santé… vous comprenez ce que je veux dire. Mais comprendre que le gouvernement soit justifié de prélever sa part de votre salaire pour le bien de l’ensemble et aimer ça sont deux choses fort différentes, un peu comme le fait de comprendre la nécessité de prendre une pilule ne signifie pas qu'on en apprécie le goût amer…
Cependant, comme tout le monde (ou à peu près) paie ses impôts, comme le système est connu et, disons-le, un peu craint, comme le salaire net reste habituellement suffisant pour joindre les deux bouts, eh bien l’amère pilule passe. Mais ici en Haïti? La pilule est simplement recrachée…
Pour plusieurs raisons : d’abord, personne ne sait à quoi servent les impôts ou les taxes sur certains services qui sont prélevées un peu arbitrairement (comme si c’était tout à fait affaire de libre-arbitre, genre contribution volontaire). Ainsi certains restaurants ajouteront la taxe sur la facture du repas, d’autres non. Gageons que ceux qui l’ajoutent ne l’envoient pas nécessairement au gouvernement…! Mais bon. Quant aux produits de consommation courante, jamais on oserait ajouter une taxe qu’au reste personne ne paierait! Si bien que l’impôt sur le revenu reste, pour l'État, la façon la plus répandue de puiser dans les goussets des pauvres pour remplir ses coffres. Répandue, mais ô combien décriée! Et à juste titre, il faut bien le dire. Car si, dans nos pays nordiques, la contribution à l’impôt n’est jamais agréable — qui a envie de se faire étiqueter de bon «contribuable»? — elle sert au moins à «quelque chose» (et ici, notez bien l’utilisation des guillemets parce que ce «quelque chose» reste souvent flou et vaporeux); tandis qu’en Haïti, l’argent de l’État ne sert visiblement qu’aux dépenses de l’État et de ses fonctionnaires, c’est en tout cas ce que tout le monde pense. Et sans doute pas sans raison… Mais bon.
En tant qu’organisation, nous devons nous soumettre aux lois du pays et, donc, prélever l’impôt du maigre salaire de nos employés, si difficile à expliquer qu’en soit la pratique. Or, comme si ce n’était pas assez, j’ai reçu la semaine dernière un avis officiel de la non moins officielle Direction Générale des Impôts qui mentionnait entre autres qu’à compter de novembre, il faudrait prélever 2% de plus du salaire des employés! Vous allez me dire que 2% ce n’est pas grand-chose et qu’il n’y a pas là de quoi en fouetter un chat, mais le principe choque. La hausse, pour tout le monde, est proprement injustifiable, même si l’État la justifie en invoquant un fonds d’urgence (1%) et un fonds d’aide sociale (1%). Personne ne veut ou ne peut croire que l’argent supplémentaire prélevé à même le fond de leur poche servira à des fonds publics qui leur seront potentiellement utiles. Et même si la preuve m’en manque, je suis porté à croire que c’est sans doute la vérité…
Haïti fait bien des efforts pour s’organiser. Je l’ai dit et je le redis. Et l'une des conditions de cette réorganisation, c'est l'argent. Lequel n'a pas d'odeur, si vous vous souvenez, et qui ne pousse pas dans les arbres, comme vous le savez. Mais le prendre dans la poche des pauvres? Je ne sais pas mais ça me fait tiquer. Mais comme en Haïti tout le monde est pauvre, à quelle autre source peut-on puiser?
Quand je vous disais que rien n'était facile en ce pays...
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jeudi 22 novembre 2012
Êtes-vous au courant?...
Tout le monde connaît l’expression. Mais ici, c’est dans un tout autre sens que je l’utilise. Ce que je veux dire ici, c’est : «Êtes-vous à l'électricité ou bien au mazout ou au bois?» Courant... Électricité, vous me suivez? Oui, bon, la formulation n'est pas courante, mais elle dit bien ce qu’elle dit. Dans nos pays, la question ne se pose même pas : personne ne se passe du courant électrique, cette énergie si propre et si fiable qu’on ne rend même plus compte du miracle qui se passe lorsqu’on actionne un interrupteur et que la lumière jaillit. De quoi se prendre pour Dieu-le-Père lors des 7 jours de la création, tiens... «"Que la lumière soit!" et la lumière fut.» Mais ici en Haïti, ce n’est pas tout le monde qui peut accéder à cette forme d’énergie, quelquefois par manque de moyens financiers mais parfois aussi, simplement parce que la ligne électrique n’atteint pas la zone où les gens habitent. Et ça, les amis, c’est vraiment une source de frustration bien plus importante que les dégâts causés par une tempête tropicale, fût-elle Sandy. Imaginez un peu, gens du bas du fleuve : vous demeurez disons à Mont-Joli. Or, la ligne électrique s’arrête d’un côté à Rimouski, et de l’autre à Matane. Que diriez-vous? Trouveriez-vous la chose acceptable? Eh bien c’est exactement la situation actuelle le long de la route nationale en Haïti : la ligne va d’un côté de A jusqu’à J et de l’autre de Z jusqu’à P, de sorte que K, L, M, N, O n’ont pas de courant. Trouvez-vous ça juste, vous autres? Moi pas tellement. Ni les gens des communes visées non plus d’ailleurs. Bien entendu, ces bonnes gens manifestent leur mécontentement avec fougue et passion en bloquant la route nationale environ un jour sur deux mais rien n’y fait : la ligne brille toujours par son absence.
Mais il faut comprendre que la situation n’est pas facile pour la compagnie nationale d’électricité : Électricité d’Haïti, mieux connue sous son sigle EDH. Coûts de production excessivement élevés, faible taux de recouvrement, fraude et vol de courant, équipements désuets… la liste est longue et explique sans doute le déficit de 10 milliards de gourdes (environ 250 millions de dollars US) pour la seule année 2010-2011. Mais la compagnie, qui admet perdre environ 18 millions de gourdes chaque mois ($450,000 US, ce qui n'est quand même pas rien) entend redresser la barre et se remettre dans le chemin de la rentabilité. Sauf que ce redressement fera mal. Pour plusieurs familles haïtiennes, le seul moyen de s’offrir l’électricité est de partager le compteur. Évidemment, cette situation conduit à des inévitables abus et l’EDH a vraiment l’intention d’éradiquer cette pratique et de mettre tout le monde au pas — entreprises incluses. Mais je le redis, les mesures que comptent prendre la compagnie nationale d’électricité ne passeront pas aisément, surtout qu’à l’heure actuelle, les tarifs n’ont rien à voir avec ceux que l’on connaît au Québec, par exemple. L’électricité, dans ce pays où les centrales hydroélectriques sont rares, provient trop souvent d’énormes génératrices — c’est le cas de la ville des Cayes, notamment — qui consomment des quantités astronomiques de carburant, sans compter les frais de maintenance et de remplacement des pièces qui s’usent. Et je ne parle pas des bris mécaniques imprévus… Or, c’est au client qu’on refile la facture de cette production électrique à grands frais, et dans un pays où l’argent se compte sur les doigts, disons que ce n’est pas facile de payer ces frais. En plus et si je me fie aux commentaires répétés que j’entends, les erreurs de facturation sont fréquentes, difficilement vérifiables et toujours au profit de l’EDH, si bien que plusieurs s’en fâchent et, je pense, non sans raison. Quant à ceux qui réclament la ligne électrique, si désagréable que soient les moyens de pression qu’ils utilisent (ils bloquent hardiment la route, je le répète, et sont armés) disons qu’ils n’ont certainement pas tort…
Quand je vous disais qu'il n'y avait rien de facile dans ce pays...
dimanche 18 novembre 2012
Rien n'est facile
Je me sers d’ailleurs de cet exemple, banal en soi mais pas moins irritant pour autant, pour vous illustrer une fois de plus combien la vie dans ce pays n’est pas facile. Les produits et services sont là, certes, mais le service après-vente est inexistant, tout comme les pièces de rechange. Par exemple, une pièce fautive d’un robinet impose de changer tout le robinet et c’est le cas pour une pièce de frigo, de climatiseur, de pompe à eau, de cuisinière à gaz, de toilette, de lessiveuse, alouette… La batterie de votre perceuse sans fil ne se charge plus? Il n’y a plus qu’à jeter la perceuse, car les batteries de rechange ne se trouvent pas! Parfois, ce sont des petites choses simples comme une rondelle d’étanchéité pour un robinet : introuvable! Il faut se résoudre à en fabriquer une et souhaiter qu’elle fasse le travail… Frustrant, dites-vous? Je suis d’accord. Et le pire, c’est que le matériel qu’on trouve est souvent de deuxième ordre, voire de sixième ordre, donc plus susceptible de briser que du matériel de qualité. Or, ce matériel est souvent aussi cher sinon plus que ce qu’on trouve au Canada ou aux États-Unis. En fait, les outils qu’on trouve proviennent souvent du Dollarama à $1, mais 10-15 fois plus chers! Après on se demande ce qui va mal dans le pays…
Non vraiment, je vous le dis : y’a rien de facile dans ce pays. Un ébéniste pourra vous demander près de $400 pour une porte simple en bois dur. Exagéré, dites-vous? Même pas : le bois dur, rare au pays, coûte une petite fortune. Puis l’ébéniste devra payer pour la préparation (dégauchissage et rabotage), faire tous les tenons /mortaises à la main, tailler les panneaux soulevés, rainurer les montants et le cadre, assembler le tout, sabler, vernir, ajuster la porte dans son cadre, fixer les charnières et la serrure et finalement, monter la porte et son cadre dans le trou où elle est destinée. Comptez ça comme vous voulez, mais je vous assure que ça ne revient pas excessivement cher de l’heure… Sauf que $400 pour une porte, ce n’est pas donné, surtout pour des gens dont le salaire mensuel tourne autour de $150! Vous feriez comment, vous, pour arriver? Pour moi, je déclare forfait.
C’est pour cela qu’il ne faut pas juger l’indien avant d’avoir chaussé ses mocassins, comme disait notre grand Félix national. Par extension, on pourrait dire qu’on ne peut pas juger l’Haïtien avant d’avoir, comme lui, marché pieds nus dans les épines, la boue et pire encore...
Et pendant ce temps, à Port-au-Prince, les étudiants manifestent toujours contre le meurtre injustifié de l’un des leurs — peut-être même deux, on ne sait plus trop. Mais c’est plutôt violent, ces manifestions-là… Et je vous annonce que ça ne se passe pas à coups de casseroles…
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vendredi 16 novembre 2012
Suis-je trop sceptique?
Je peux difficilement passer sous silence l’article de mon homophone. Pas pour en rire cette fois, car le sujet est triste. Mais en même temps, on ne peut s’empêcher de se poser la question : comment une telle chose a-t-elle pu se produire? Naïveté excessive? La dame prétend qu’elle ignorait qu’elle transportait de la cocaïne. Heureux les ignorants, dit-on, car le Royaume des Cieux est à eux. Mais bon. Peut-on être à ce point ignorant? Personnellement, je n’ai jamais palpé de cocaïne, mais si on me donnait demain un volumineux sac de poudre blanche (un kilo, c’est quand même pas rien!) en me disant que c’est de l’inoffensive poudre de perlimpinpin que je dois néanmoins camoufler minutieusement pour passer la douane, ben disons je serais sceptique… Or, la dame a manifestement avalé la couleuvre sans déglutir. Peut-on être crédule à ce point? Disons que j’ai quelques réserves, surtout lorsqu’il s’agit d’une quinquagénaire qui a tout de même un certain vécu derrière elle! Car quoi, à 50 ans, la dame ignore qu’à frauder la douane avec un tel colis, elle risque la prison? Même les ados savent cela! Comment expliquer la chose, alors? Arrogance envers la douane haïtienne? Admettons... Mais même si c'était le cas, comment penser que les choses vont passer comme dans du beurre à la douane canadienne, où les chiens font souvent partie du comité d’accueil des passagers en provenance d’Haïti? Franchement, je vous le dis tout net : je ne comprends pas. Il y a dans toute cette sordide histoire quelque chose qui m’échappe. Un kilo de cocaïne? Ben voyons! Soyons sérieux, là! Un gramme, à la rigueur, elle aurait toujours pu prétendre que c’était une erreur, une distraction, une étourderie, un oubli, que sais-je… Mais un kilo? Dissimulé dans sa petite culotte spéciale??? Ça me paraît extrêmement gros, tout ça. Et après il faudrait jeter le blâme de son incarcération en prison haïtienne sur le gouvernement canadien??? Vraiment, trop, c’est trop. Et l’indignation de Mme Duchaine, qu’on sent derrière tout ça, me semble un peu déplacée dans le contexte, car si la situation de la prisonnière n’est pas rose, on peut difficilement en rejeter le blâme sur qui que ce soit, admettons-le. Et c’est pour cela que je vous dis : une personne de son âge douée de raison ne peut décemment continuer à dire qu’elle n’est qu’une pauvre victime d’une sourde machination! Au moins, qu’elle ait la décence d’avouer qu’elle espérait tout simplement ne pas se faire prendre et là, je serai plus sympathique à sa cause. Car tout le monde le fait à un moment ou à un autre : on triche. L’impôt, la douane font partie de ces services gouvernementaux que plusieurs se sentent à l’aise de frauder sans malice. C'en est presque un jeu. Qui n’a pas passé une bouteille de vin supplémentaire? ou un fromage? ou un saucisson? Mais quand on le fait, on sait que si l’on se fait prendre, il faudra en payer le prix! Sauf que sachant que la sanction est proportionnelle à la faute, on peut tout de même choisir de tenter sa chance. Mais avec un kilo de poudre blanche bien cachée dans sa petite culotte??? Faut être drôlement culotté!!!
Vraiment, je suis sincèrement malheureux pour la dame. Je connais, pour les avoir vues de mes propres yeux, les conditions des détenus dans les prisons haïtiennes et sur ce point, on s’entend que ce n’est pas de la tarte. Mais généralement, on n’y arrive pas sans raison, dans ces prisons! Alors oui, c’est triste; oui, c’est douloureux; mais injuste? Non. La dame se dit innocente, mais même avec toutes les circonstances atténuantes imaginables, il me paraît bien difficile de l’innocenter. Et je serai le dernier à lui jeter la première pierre, justement parce que je sais comment les choses se passent ici, mais cela n'enlève rien au fait qu’elle a couru après… Désolé.
Et le fait qu’elle soit Québécoise, Russe ou Hollandaise ne change rien à l’affaire, bien malheureusement…
dimanche 11 novembre 2012
« Pas un cyclone »...
Je vous invite à prendre connaissance de ce court article, qui illustre bien ce que je voulais dire l’autre jour lorsque je parlais de l’impact d’un ou d’une journaliste sur la valeur d’une nouvelle. Ce qui est rapporté n’est quand même pas rien : la presse étrangère (Agence France Presse) parle de 16 morts et si l’on se fie à la version plus officielle, le décompte ne serait que 10 décès, mais tout de même, dix morts dus à la pluie, ça me paraît tout de même digne de mention, digne d’être relaté, sans doute à grands frais dans notre presse nationale si c'était chez nous, mais ici, simplement relégué au rang de fait divers.
Ce qui fait que je me suis posé la question : pourquoi? Et sans vouloir dire que j’en détiens la réponse, je partage avec vous ma petite idée, à savoir : on ne sait où jeter le blâme. On dit : «Suite à un front froid combiné à un creux de surface, de fortes pluies se sont déversées pendant des heures, dans la nuit du jeudi 8 novembre au vendredi 9 novembre, sur plusieurs départements du pays, notamment sur le Nord.» Ailleurs, on précise : «Monsieur Semelfort [le responsable du Centre national de météorologie d'Haïti] a fait remarquer qu'il ne s'agit pas d'un cyclone.» Il ne s’agit pas d’un cyclone, donc le NHC américain n’en a pas parlé, donc ça n’a pas de nom, donc ce n’est rien d’important. À peine digne de mention. Et pourtant, pas moins de dix personnes en sont mortes, sans compter les importants dommages matériels! Mais puisqu’il s’agit d’une simple dépression météorologique, on ne peut décemment demander à des journalistes professionnels de couvrir l’événement! En fait, cette question du mal qu’on nomme — qu’on nomme, j’insiste, c’est-à-dire à qui l’on donne un nom, on pourrait presque dire qu’on baptise — revêt une importance capitale quand il s’agit de comptabiliser les dommages. En d’autres mots, une simple inondation due à la pluie n’est rien en comparaison d’une autre due au passage d’une Sandy ou d’un Isaac. Car là, on a un ou une coupable! Incidemment, j’avais mentionné la chose dans un texte précédent, à savoir, ce n’est pas tant la violence d’un ouragan comme la fragilité d’Haïti qui cause le véritable problème. Évidemment, la combinaison des deux facteurs ne peut qu’entraîner des conséquences catastrophiques, et il faut prier le Ciel que ça n’arrive jamais. Mais le point important ici, c’est que le pays est immensément vulnérable, surtout la capitale, coincée entre les montagnes et la mer. Or, on dirait que les seuls incidents qui intéressent les médias, ce sont ceux annoncés, identifiés, nommés, les autres étant simplement balayés sous le tapis. Pourtant, une dizaine de morts et des centaines de sans-abris, il me semble que c’est tout de même quelque chose, vous ne croyez pas?
Mais cela démontre ce qu’une blogueuse anglophone (Amy Wilentz) soulignait : un dicton qui circule parmi les correspondants étrangers veut que un décès américain équivaudrait à 20 décès européens, à 100 décès asiatiques ou sud-américains, à 1000 décès africains, ou quelque chose d’approchant. Les morts en Haïti sont monnaie courante et comme je l’ai mentionné la semaine dernière, quand il n’y en pas assez, on en rajoute, pour faire bonne mesure et pour que «ça se vende mieux»...
Mais la réalité n’en reste pas moins tragique avec ou sans battage médiatique et ça, je pense, il ne faut pas l'oublier.
mercredi 7 novembre 2012
Made in USA
Mon sujet d’hier se voulait léger. Celui d’aujourd’hui, sans être lourd, fait certainement plus sérieux, car je veux jeter mon grain de sel et vous passer quelques commentaires sur la saga électorale américaine (qui a coûté la bagatelle de 2,6 milliards de dollars — milliards, vous avez bien lu — mais nous sommes à l'échelle du gigantesque, ne l'oublions pas).
Mettons d’abord les choses en perspective : les États-Unis forment un pays assez particulier. Sans nom, puisque leur désignation d’états unis n’est pas un nom. Canada, France, Haïti, ça, ce sont des noms de pays. Mais que des états s’unissent et se proclament unis ne leur donne pas un nom pour autant! Voici donc les états unis d'Amérique du Nord, tout comme il pourrait y avoir les états unis de l'Amérique du Sud. Mais les États-Unis font maintenant partie de la géographie tout autant que de l'histoire et tout le monde sait de quoi l'on parle lorsque l'on parle des États-Unis d'Amérique, mieux connu internationalement sous le sigle USA. Voici donc une nation à l’histoire jeune et au cheminement particulier, qui lui a fait accéder à la démocratie dès l’adolescence et dont les libertés individuelles sont farouchement défendues par une Constitution que n'aurait pas désavouée les philosophes grecs. De nos jours, plus de 300 millions de personnes l’habitent, mais leurs racines sont ténues, car la plupart n’y sont arrivées qu’à la fin du 19e – début du 20e siècle. Les États-Unis, c’est la terre de l’espoir, the land of opportunities, comme on dit, là où tout est possible et où l’on peut rêver d’une vie meilleure : le fameux American Dream. Si bien que les gens y sont venus de partout sur la terre — de l’Europe, bien sûr, mais aussi de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine. La population du pays est, par conséquent, cosmopolite par définition et forcément distincte dans ses racines. Car on aura beau dire, un Japonais-Américain ne peut pas penser comme un Ukrainien-Américain ou un Haïtien-Américain. Or, c’est pourtant ce melting pot que le président doit représenter et il est bien évident que ce n’est pas si évident que ça!
On dit des États-Unis qu’ils sont divisés. Comment pourrait-il en être autrement? Les états qui composent le pays sont peuplés de gens qui ne sont que peu ou pas apparentés. Unis sous la même bannière, peut-être, mais unis par une idéologie commune? Vraiment pas. C’est pour ça que l’élection américaine est toujours imprévisible. L’idéologie démocrate se distingue vraiment de celle républicaine, bien davantage que celle qui divise les libéraux des conservateurs au Canada. Or, à la clé, il y a la religion et, bien entendu l’argent. Or, de ce côté, tout ne va pas pour le mieux dans le pays de toutes les chances. Le déficit est énorme — incommensurable serait plus juste — et le taux de chômage, à près de 8%, très élevé. Si bien que pour plusieurs, le sort d'Obama était joué et les Américains iraient du côté du milliardaire agressif, chauvin et puritain, tellement représentatif d'une certaine Amérique. Mais pas d'une autre. Et cette autre, plus forte, a choisi de maintenir au pouvoir cet homme que nous connaissons maintenant comme un homme honnête et empathique. Mais il s'en est fallu de peu!
Tout de même, je ne peux m’empêcher de penser que le président Obama risque gros. Car si on ne peut le déplanter par le biais du processus électoral, il existe d’autres solutions, draconiennes soit, mais historiquement validées... Pensez à Lincoln ou à Kennedy, pour ne citer que les plus connus… Reste que le choix américain reflète aussi un changement des temps. Une maturation sociale. Un président noir, élu pour un second mandat alors que l'économie branle sérieusement dans le manche, c'est quand même significatif. L'avenir dira ce qu'il en sortira, mais au moins, nous connaissons l'intégrité de l'homme et nous savons qu'il ne baissera pas les bras. C'est déjà ça d'acquis dans un pays que tout le monde regarde et qui reste la nation la plus puissante au monde.
Et Haïti, là-dedans? Eh bien gageons qu'Haïti ne dirait pas non pour faire partie des États-Unis, tout comme le souhaite Porto-Rico!
mardi 6 novembre 2012
Rien de trop beau
Je ne voulais pas avoir l’air de monter une fois de plus aux barricades, mais l’article que je viens de lire m’a tellement fait sourire, rire même, que j’ai décidé de vous le commenter. Non, je ne suis pas fâché. Juste cynique face à cet article qui illustre, une fois de plus, l’énorme différence entre votre pays — qui est aussi celui qui m’a vu naître et que je chéris toujours à certaines heures et en certaines saisons — et celui que j’habite et dont les mœurs m’étonnent toujours.
Ici en Haïti, une manifestation n’est jamais une partie de plaisir. Bon, à la rigueur, pour quelques «tèt cho» ou pour des jeunes qui n’ont rien à faire et qui peuvent courir vite, c’est une activité excitante et exaltante, capable de faire secréter l’adrénaline en quantité industrielle. Et la testostérone aussi. Mais qui n’est pas sans danger (pas la testostérone), car ici, bien que la police s’efforce de tirer à boulets de plastique, il s’en trouve toujours qui, dans le feu de l’action — et croyez-moi, l’expression n’est pas qu’une image littéraire, car le feu est omniprésent — tirent de vraies balles qui font de vraies blessures, parfois même fatales. Cela fait partie du jeu. Quant aux coups portés de part et d'autre (matraques, bâtons, machettes, bouteilles vides...), ils pleuvent littéralement, et personne ne s’en formalise car tout cela fait partie du jeu, je le répète — pour autant que l’on puisse parler de jeu, bien entendu. Car c’est un jeu violent, voire extrêmement violent genre sport extrême à l'issue incertaine. Si bien que pour les gens ordinaires, à plus forte raison pour les étrangers que nous sommes, une manifestation n’est pas une chose qu’on prend à la légère ni une activité à laquelle on prend part : simplement, on se barricade et on attend que ça passe.
Or, les manifestations du printemps dernier au Québec, bien que nettement plus joviales et inoffensives, n’étaient pas sans un substrat de violence, précisément contre les policiers dont la tâche est toujours de maintenir l’ordre et de limiter la casse. Bien sûr, il y a eu des débordements. Il y a eu des excès. Il y a eu des dégâts matériels importants et quelques coups de matraque bien — ou bien mal — appliqués. J’ai tout de même trouvé que, considérant le nombre de manifestations ainsi que le nombre de manifestants présents et l’arrogance dont ils faisaient preuve, les choses s’étaient déroulées avec un minimum de dommages collatéraux, comme il est de bon ton de dire, maintenant.
C’est pour cette raison que l’article de la Presse m’a tant fait sourire aujourd’hui. Celui-là même qui s’échinait sans doute à dénoncer l’iniquité publique et les abus de pouvoir des riches et de la droite (un aspirant poète, pensez-y) exige aujourd’hui des dommages-intérêts qu’on peut certainement qualifier de substantiels : plus d’un demi-million de dollars!!! Si vous ne voyez pas un paradoxe là-dedans, c’est que je ne sais pas ce qu’est un paradoxe. Lisez-moi ça sans rire : «Un étudiant de l'UQAM, blessé à la tête lors d'une manifestation anti-capitaliste […] réclame plus d'un demi-million de dollars en indemnités.» Anticapitaliste, ça veut bien dire contre le capitalisme, non? Et le poète réclame $505,000 pour «dommages physiques et moraux»! Wow! Rien de trop beau pour la classe ouvrière, n'est-ce pas!
Ce qui m’étonne dans cette histoire, c’est justement que la presse nous la livre. Et pas comme un fait divers ou insolite, non, mais bien comme un article majeur, une nouvelle importante, un fait qui mérite notre attention voire notre indignation. Et comme si ce n’était pas assez, le journaliste nous dépeint même les problèmes à l’enfance de cette pauvre victime du capitalisme outrancier!... Avez-vous l’impression que ce journaliste est impartial, vous? Moi, j’ai comme des doutes… En passant, avec ce nom (Ewan), m’étonnerait pas qu’il soit Haïtien, l’auteur. Avouez que ce serait drôle, surtout dans le contexte de la violence des manifestations haïtiennes!
En tout cas c’est bien la preuve que «nul n’est poète dans son pays». Quoi? Que dites-vous? Ce n’est pas ça le proverbe? Bon peut-être, mais prophète, poète, c’est kif-kif, vous ne croyez pas?
dimanche 4 novembre 2012
N'importe quoi
C’est rare que ça m’arrive, mais là, vraiment, ça fera. J’en ai ma claque de ces journaleux qui se prennent pour des journalistes, qui débarquent en Haïti pour la première fois, qui ne sont même pas fichus d’orthographier correctement le nom ici d’une ville importante (*Miraguan au lieu de Miragoâne) du pays et qui véhiculent des informations à la véracité discutable, pour ne pas dire carrément fausses. C'est vraiment n'importe quoi! Et vous qui lisez ces porteurs de l'information, comment pouvez-vous distinguer le vrai du faux? Comment pouvez-vous exercer votre esprit critique?
Je parle de Gabrielle Duchaine — avec laquelle, est-il utile de le préciser, je n’ai aucun lien de parenté, ni aucune affinité journalistique d’ailleurs — et de son dernier article, racoleur comme une vieille pute : «Après Sandy, la grogne s’amplifie en Haïti». Et voilà. C’est dit, donc c’est sûrement vrai. Et sur quelle base s’appuie cette journaliste chevronnée (?) dont les textes précédents nous parlaient du tourisme en Équateur? Rien. Du vent. Pas de références, pas de personnalités compétentes, pas de données vérifiables. Que des gens rencontrés au hasard de son parcours, avec lesquels j’assume, jusqu’à preuve du contraire, qu’elle n’a même pas pu parler sans un interprète qui a sans doute, d’après ce que je sais des interprètes haïtiens, interprété à sa façon les dires de l’un ou de l’autre. Résultat, cette conclusion alarmiste : la grogne monte suite au passage de Sandy. Vraiment, je vous le dis, à vous qui n’êtes pas cons : ça fait chier. Et comme si ce n’était pas assez, voilà que la dame, pour faire bonne mesure, nous parle maintenant de 100 morts — 50 ne font vraiment pas sérieux pour une tragédie haïtienne — mais qui viennent d'où, on n'en sait rien. Et d'abord, pourquoi est-elle la seule à avancer ces chiffres? Et les autres médias, haïtiens ou internationaux? Sont-ils tous dans l’erreur? Je sais bien qu’on veut plus de morts, histoire de frapper l'imagination du public, mais tout de même...
Les récoltes du pays ont été détruites, c’est vrai. La situation alimentaire du pays est précaire, c’est un fait. Mais le gouvernement a réagi, notamment en proclamant l’état d’urgence pour un mois, ce qui lui donne plus de latitude pour agir sans délai. En outre, cette situation ne date pas d’hier, comme le rappelle cet extrait du Nouvelliste :
La période de sécheresse avait déjà causé des pertes énormes dans le secteur de l’agriculture, évaluées à près de 80 millions de dollars américains. Alors que les évaluations n’ont pas encore terminé [sic], la tempête tropicale Isaac a causé des pertes estimées à environ 70 millions de dollars dans le même secteur, a rappelé l’agronome Gary Mathieu, responsable de la CNSA [Coordination nationale de la sécurité alimentaire], informant que l’ouragan Sandy en a fait pour 104 millions.Or, l’aide internationale est bien au fait de la situation et déjà, si l’on en croit cet entrefilet de Haïti Libre : « Aujourd'hui est arrivé à Port-au-Prince le bateau d'aide d'urgence du Venezuela pour Haïti, avec à son bord 530 tonnes de denrées non périssables et 116 tonnes de machinerie lourde pour aider à enlever les décombres. » Et l'aide s'organise et les choses devraient rentrer dans ce semblant d'ordre qui caractérise le pays sous peu.
Concernant le choléra, que madame Duchaine semble connaître comme le fond de sa poche, pour ne pas dire un autre endroit plus vulgaire, voici ce que je lis, toujours dans Haiti Libre que je ne saurais trop vous recommander, soit dit en passant :
Tarik Jasarevic, le Porte parole de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré « [...] Dans de nombreux endroits, de mauvaises conditions sanitaires pourrait augmenter le risque de maladies d'origine hydrique telles que le choléra. Sandy a détruit sur son passage 20 Centres de Traitement du Choléra (CTC) [...] À Baradères, les équipes de Médecins sans Frontières-Hollande, PAHO/WHO, International Medical Corps (IMC), et le Ministère de la Santé d'Haïti continuent d'assurer la permanence pour soigner les personnes atteintes [...] Une augmentation du nombre de cas de choléra a été signalée, particulièrement dans le Sud, le Sud-est, la partie Sud du département de l'Artibonite, et l'Ouest du pays [...] Cette augmentation des cas n'a pas encore pu être attribuée au passage de Sandy et les équipes de terrain continuent de participer au suivi de la situation.Bref, vous comprenez que la situation est difficile, soit, mais pas inhabituelle pour ce pays qui en a vu d’autres. Rien à voir avec le séisme de janvier 2010! Et pourtant, à lire l’article de Gabrielle Duchaine, on se demande si le passage de Sandy n’a pas fait pire… Vraiment, ça ne fait pas sérieux, et je trouve ça bien dommage, surtout lorsque l'article apparaît sur lapresse.ca.
Que nous réservent les mois à venir? Bien malin qui pourra le dire. Mais pour nous qui vivons ici, il est bien clair que ce n’est pas à jouer les alarmistes qu’on fera avancer la cause haïtienne.
samedi 3 novembre 2012
Le jour des Morts
J’avais composé un texte. Que j’ai choisi de ne pas vous présenter. Ne m’en voulez, de grâce. Appelez cela de l’autocensure. Il en faut de temps à autre. Vous savez ce que dit le proverbe : «Toute vérité n’est pas bonne à dire» Kant ne serait sans doute pas d’accord, mais il est des vérités qu’il vaut mieux taire, surtout lorsqu’on s’adresse à un public varié dont on ne peut connaître les réactions, les jugements et les conclusions. Je vous dirai seulement qu’il s’agit d’un fait divers haïtien, mais dont la teneur est susceptible de choquer vos âmes nordiques, alors je passe. Par respect, autant pour ce peuple que je côtoie journellement que pour vous et votre bon sens commun. Voilà l’art de s'excuser en plusieurs mots mais vous savez que j’y excelle.
Changement de sujet donc, et allégement du ton.
Hier, Fête des Morts. Vous allez me dire que ça n’a rien de bien léger et pourtant, ici, on ne dramatise pas avec la mort. On la vit, simplement — je ne parle pas du défunt, bien entendu, lequel serait mal placé pour la vivre —, on chagrine, on se ruine en dépenses cérémoniales extravagantes et puis on passe à autre chose. La fête des Morts, dans cette perspective, ne se veut qu’un rappel respectueux de ceux et celles qui ne sont plus. Je vous l’ai dit précédemment, les Haïtiens ne fêtent pas l’Halloween, cette fête un peu macabre que n’aurait certainement pas désavoué Saint-Saëns qui a écrit cette délicieuse Danse Macabre où les squelettes s’entrechoquent joyeusement sur fond de xylophone. On dit que sa mère, invitée à la première, s’est évanouie en voyant la scène… Autre temps autre mœurs… Mais je digresse. L’Halloween donc a peu à voir — en fait, rien à voir avec la fête des Morts en ce pays, laquelle, je le redis, n’est qu’un hommage respectueux aux défunts. Une fête célébrée dans toute l’Amérique latine d'ailleurs, tout spécialement au Mexique où la fête prend des allures d’événement majeur. En Haïti, mon ami Antonio disait justement hier que l’on ne voit plus les Gede, ces joyeux lurons, dignes fils du Baron Samedi, le Loa de la mort dont les manifestations s’accompagnaient traditionnellement des tambours qui résonnaient sans relâche dans les cimetières. Je vous invite à visionner ce petit vidéo qui date déjà de quelques années et qui ne nous en apprend guère, mais qui illustre tout de même mon propos. Je vous suggère également cet article, tiré de Haiti Press Network. Cela dit, il faut bien reconnaître que les traditions vaudous sont en perte de vitesse dans le pays, sauf bien sûr quand on en fait des exhibitions touristiques, ce qui est bien malheureux, ne dites pas le contraire. Autres temps, autres mœurs, vous dis-je…
Quoi qu’il en soit, c’est congé, tout comme l’était le premier du mois, Toussaint oblige. Un long week-end de quatre jours que tout le monde apprécie y compris nous, ne serait-ce que pour nous permettre de continuer notre lente remontée vers un état de santé plus normal...
Et avec tout ça, octobre appartient déjà au passé et novembre nous ouvre ses bras temporels...
Un petit changement d'heure, avec ça?
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