mardi 24 juillet 2012

Scénarios effrayants


C’est en lisant le texte de Mario Roy ce matin que je me suis posé la question : mais pourquoi donc ces scénarios de fins de monde nous excitent-ils tant? Car on aura beau dire et on aura beau en rire, le sujet passionne et enflamme voire, pour certains, oriente la vie. Vous vous doutez bien que je n’ai pas de réponse à vous donner comme ça, mais le phénomène — car c’en est un — pique ma curiosité. Non, non, je ne parle pas de la fin du monde en tant que telle, mais plutôt de l’engouement pour la fin du monde ou, à défaut, pour ces grandes catastrophes qui changent le monde où elles se produisent, comme ce fut le cas lors du tsunami au Japon ou, plus près de nous, le tremblement de terre de janvier 2010.

Incidemment, on nous en promet un autre, et de taille. En fait et si vous aimez les articles alarmistes, je vous suggère ce texte tiré du Nouvelliste qui laisse entendre que ce n’est qu’une question de temps (lire jours ou mois) avant qu’un autre séisme majeur ne frappe Haïti. Et le ton, les amis, le ton : alarmiste, ai-je dit? En fait, c’en est presque apocalyptique. Genre : repentez-vous car c’est la seule chose que vous ayez encore le temps de faire, car le séisme est «imminent»!....

Mais qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est fabulation? La tension géologique; ça, c’est réel, démontrable, vérifiable avec les instruments appropriés. Et lorsque cette tension devient trop forte, il y a un relâchement subit qui produit une onde de choc qui se répercute à la surface. Ça, oui, ce sont des faits. Mais dire que cette accumulation de tension va nécessairement culminer très bientôt et provoquer de ce fait un relâchement destructeur est pure spéculation. Comprenons-nous bien : je ne dis pas qu’un tel scénario ne peut pas se produire, je dis seulement que personne, pas même le plus chevronné des géologues, ne le sait. Mais encore une fois, la perspective du drame émoustille les sens, fait saliver, fait peur aussi mais une peur comme celle que l’on éprouve lorsqu’on écoute un bon film à suspense. Une peur excitante, mais pas dangereuse. C’est comme ça qu’on les aime, les peurs : non fondées; ainsi quand le film finit, on lâche son souffle, on sourit de soulagement et on se dit que c’était un excellent film, drôlement bien ficelé, terriblement efficace. Or, ce que l’article nous dépeint, ce n’est pas le scénario d’un film, mais plutôt une réalité potentielle dont la plupart des gens ne se soucieraient guère ailleurs, mais qui engendre ici en Haïti une peur panique, et pour cause : le malheur s’est réellement produit et a effectivement été catastrophique. Comment dès lors ne pas avoir peur qu’il se reproduise? Et pourtant, comme le souligne le premier commentaire à la suite de l’article, «Il n'existe à ce jour aucune méthode scientifique permettant de prédire la date précise de survenue d'un séisme.» La dame ajoute : «Dans le cas d'Haïti le terme inéluctable (à la place de imminent) est plus approprié. Il ne s'agit pas de diffuser l'angoisse et le stress mais plutôt, de sensibiliser et d'informer les populations…» Voilà, ce me semble, des propos sensés, raisonnables et appropriés. Mais pas excitants, pas apocalyptiques, pas évocateurs du jugement dernier…

Or, le jugement dernier, c'est ça qu'on attend. Certains l’espèrent même. Et quoi de mieux qu'un déchaînement des forces de la nature pour en servir les fins redoutables? N’est-ce pas ce que la bible nous raconte?

La fin du monde est-elle proche? On n’en sait rien. Et c’est bien comme ça. Là-dessus, bonne fin d’année 2012, en autant qu'on puisse en voir la fin…!

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