jeudi 12 avril 2012

Préoccupations québécoises


J’avais dit que je ne me prononcerais pas sur le sujet. J’avais dit que, étant loin, je ne pouvais qu’avoir un point de vue éloigné. Mais de la façon dont les choses évoluent et avec tout le battage médiatique qu'on nous sert jour après jour, je me sens invité à y mettre mon grain de sel. Notez bien que je parle d’un grain de sel : pas d’un plat d’épices, alors pas de panique, je vous prie.

Ceux qui me suivent sur cette plate-forme savent que je ne fais pas de politique, ni en Haïti ni ailleurs. Dès lors, que les étudiants du Québec fassent une «grève» pour protester contre les édits de l’État ne me dérange pas du tout. Je ne suis pas pour, je ne suis pas contre. En sortira ce qu’il en sortira. Mais ce qui m’intéresse dans ce cas, c’est le mouvement de masse. Car ce mouvement est très instructif et nous en dit long sur ce qui mijote au pays de l’abondance et de la facilité. La masse elle-même d’abord : plus elle est importante, plus ses impacts le seront. C’est un peu le scénario d’un astéroïde qui frapperait la terre : petit, il s’autodétruit en pénétrant dans l’atmosphère; massif, il risque de causer des dommages majeurs. Masse donc. Mais il y a plus : il y a le côté party du mouvement et ça, je le dis à qui veut l’entendre (et même à ceux qui ne le veulent pas), c’est dangereux. Ça peut déraper aisément. Or, plus le temps avance, plus l’énergie festive qui accompagnait les manifestations étudiantes se transforme en rage. «Ce ne sont que des étudiants», dites-vous? Je ne suis pas d’accord. Voyez-les, masqués comme des terroristes… Voyez-les, organisés comme des militaires. Voyez-les, brandissant des banderoles professionnelles. Voyez-les défier la police… Il y a du danger là-dedans… Et quand on lit que «une frange se radicalise », je ne sais pas pour vous, mais il me semble que l’on s’en va dans une drôle de direction là… Je vous cite encore cette réflexion, lue en commentaire à cet article et qui semble être d'un étudiant (ne jugez pas l’orthographe, s’il vous plaît) : «Je ne voit qu'en expérience aquise des babyboom que de l'embourgeoisement. La révolte es désormaist la seul solution.» Ça ne vous inquiète pas un peu de lire des trucs comme ça? Moi oui. Notez en passant que sur pas moins de 6 fautes, le mot «embourgeoisement» — pas un mot utilisé à tous les jours, quand même — est orthographié correctement. Dites, ça ne vous fait pas tiquer, vous autres? Ben moi, si.

Certains, certaines en profitent pour faire le procès du gouvernement actuel. Rien ne l’empêche. Ce peut être le pire gouvernement que l’Histoire du Québec n’ait jamais connu, pour ce que j’en sais. Mais c’est le gouvernement. Et le jour où il va changer, un autre sera mis en place qui sera peut-être meilleur, peut-être pire, et qui fera l’affaire des uns et le drame des autres. C’est comme ça. Mais peu importe la valeur du gouvernement du Québec, le conflit actuel est potentiellement dangereux car les étudiants, par définition et en grande majorité, sont jeunes. Et les jeunes, vous le savez si vous l'avez déjà été, n’ont peur de rien.

En tout cas, je n’ai pas honte de le dire : tout mouvement de contestation articulé à ce point, bien qu’il force une certaine admiration, doit aussi engendrer une certaine crainte. Un peu comme lorsqu’un jeune roule à 180 km/h sous influence de l’alcool. Il se peut que rien n’arrive, mais avouons que les conditions sont réunies pour une véritable tragédie…

Quant à tous ces beaux intellectuels qui encensent la contestation étudiante, je dis : pourquoi se servir des étudiants pour faire ce que vous n’avez jamais su faire?

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