Certains, certaines auront pu s’étonner de mon silence en ces lieux d’écriture qui me sont devenus si chers. D’autres, plus perspicaces, se souviendront que nous avons de la belle visite, facteur mitigeant s’il en est un. En fait, si je mentais un peu, je pourrais invoquer la présence de ces charmants visiteurs pour justifier mon absence, mais mon honnêteté foncière m’impose de vous dire la vérité : j’ai la flemme. Comme la dernière fois d'ailleurs. Causée par la visite, sans doute, mais ce n’est pas la visite elle-même qui est cause de mon silence : seulement la paresse. Voilà, vous savez tout.
Et puis pour tout vous dire, toutes ces histoires de commémoration de l’anniversaire du fameux et infâme tremblement de terre de 2010 m’agacent un peu. Se souvenir pour mieux s’apitoyer? En ce qui me concerne, j’aime mieux passer. Et oublier, oui. Car de toute façon, se souvenir ne change pas grand-chose à l’Histoire et, à la différence de grands drames comme l’holocauste, ne peut rien changer au futur. Car la terre tremblera encore sans que personne n’y puisse rien. Et le pire, c’est que ça se fera sans crier gare, sans avertissement de l’endroit où le frisson tellurique se fera sentir, alors comme dirait notre humoriste national, «qu’ossa donne?» Tout de même et quoi qu’en disent les alarmistes, compte tenu que le dernier datait de plus de 200 ans, je me dis que nous avons le temps avant le prochain, et sans doute même le temps d’oublier…
Cela dit, je suis content que la presse internationale s’arrête à l’événement. Il me semble qu’on ne parle jamais assez d’Haïti, sinon pour en évoquer la misère et s’en apitoyer. Alors qu’il y a mieux à faire. Car Haïti avance, à petits pas, certes, mais avance tout de même et il faut s’en réjouir et partager ce progrès avec le reste du monde. C'est ça que les médias doivent véhiculer : les choses vont mieux en Haïti, le pays souffle et l’on se prend à espérer et à croire en un demain plus serein.
Ce qui n’empêche nullement de profiter maintenant de ce que le pays offre depuis toujours : paysages remarquables et gens chaleureux et souriants. Incidemment, je vous renvoie à cet article, déjà vieux d’un an, que Chantal Guy avait écrit lors de son passage au pays l’année dernière. Elle écrivait entre autres :
«Le potentiel touristique en Haïti est énorme. Il pourrait révolutionner l'économie du pays. Un seul touriste ici peut aider une dizaine de familles, et cela, sans passer par la charité. Ils n'attendent que ça, être payés pour leurs services, pour leur travail. Et ce tourisme pourrait se développer différemment de la mentalité des complexes de la République dominicaine. Car les richesses d'Haïti dépassent largement les belles plages: c'est une histoire, c'est une culture, c'est un mode de vie, c'est un esprit. Un pays qui n'a rien perdu de son âme, peut-être parce qu'il est depuis très longtemps isolé du reste du monde.»Elle semble avoir compris ce que je m’évertue à vous expliquer. Et elle n’est pas la seule : nos visiteurs, sans doute sceptiques avant leur venue, sont maintenant mieux en mesure d’apprécier ce potentiel qui ne demande qu’à se développer. Reste à savoir si c’est l’œuf qui produira la poule ou le contraire. En termes clairs, certains affirment que ce sont les infrastructures appropriées qui attireront les touristes alors que d’autres soutiennent que ce sont les touristes qui justifieront la mise en place des infrastructures. Personnellement, je crois davantage à cette dernière vision : il faut d’abord que certains touristes moins craintifs, moins dédaigneux et plus ouverts viennent et montrent un intérêt pour ces belles et bonnes choses que le pays peut offrir. Et alors, la roue infrastructurelle pourra se mettre à tourner.
En tout cas nous en avons deux ici (je parle de nos visiteurs, pas de roues) qui, si on les croit, sont plaisamment surpris de ce qu’ils découvrent dans notre coin de pays. Et ma foi, ils ont vraiment l’air sincère…
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