Puisque j’ai rouvert la porte de ces lieux d’écriture, aussi bien en profiter…
Et en ce dimanche frais (10° C au thermomètre), quoi de mieux qu’un modeste projet d’écriture, les pieds sur la «palette» du poêle (enfin pas tout à fait, sinon il y aurait des odeurs de pied de cochon qui flotteraient dans l’air…), en attendant que le soleil perce l’épais couvert de nuages et fasse un peu sentir sa présence? Car le début de septembre, en ce pays, c'est déjà le début de l'automne!
Mais ce n’est pas de climatologie dont je veux vous entretenir aujourd’hui — bien que le sujet m’intéresse toujours, vous vous en doutez bien. Aujourd’hui, dimanche, jour du Seigneur, il m’apparaît opportun de commenter un peu l’actualité à travers les perspectives brumeuses de la religion. Et non, je ne parle pas de la Syrie, pays musulman aux prises avec une guerre civile qui, comme toutes les guerres civiles, mutile le pays sans raison, mais bon, ces choses-là arrivent sans que l’on comprenne trop pourquoi. Mais plus près de nous, il y a ce maintenant fameux projet d’une charte québécoise qui baliserait — en fait, restreindrait serait plus juste — le port de signes distinctifs religieux. Projet avec lequel une majorité de Québécois se disent d’accord, ce qui ne laisse pas de m’étonner…! Car de vous à moi, se faire servir dans un bureau de l’État par une dame portant un foulard d’une jolie couleur assorti à sa blouse me paraît difficilement provocateur ou scandaleux! Bien sûr, le voile intégral est une tout autre affaire, une affaire de bon sens. Mais le foulard? En fait, je vous dirai qu’entre une bonne petite Québécoise «de souche» empotée et arrogante et une musulmane polie, compétente et efficace, le choix n’est pas difficile à faire… À cet égard, je vous cite les propos de Lysiane Gagnon dans son article «Une grenade contre Montréal». Parlant de ces foulards que portent les musulmanes pour couvrir leurs cheveux, elle écrit :
«En quoi cela vous dérange-t-il? Avez-vous absolument besoin de connaître la couleur des cheveux de la femme qui vous ausculte ou qui vous remet votre permis de conduire? Où est le scandale, quand la fonction publique est remplie à ras bord de tatouages, de piercings et d'autres ornements drôlement moins hygiéniques, sans parler des sacres qui servent de musique de fond dans les couloirs de nos hôpitaux?»Voilà qui est fort bien dit. Car que sont les tatouages et les piercings, sinon une forme d’affichage identitaire? Et voyez-vous un gouvernement interdire le tatouage (ou seulement son affichage public)? Ce serait signer son arrêt de mort! Mais puisqu’il est question ici de religions et de religions étrangères, on se sent fort aise d’en réguler la pratique, au nom de la pureté des «valeurs québécoises». Car ce que la future «Charte» veut nous dire, c’est que oui, les pratiques des autres religions sont dérangeantes et oui il faut les interdire, à tout le moins dans les espaces publics. En 2013!... Je vous le dis tout net, j’ai un peu de misère avec ça. Le seul fait qu’on parle ici de religion m’énerve. La présence ou l’absence de signes religieux transforme-t-elle les personnes qui les portent? Or, à mon sens, c’est précisément ce que le projet de cette charte sous-tend : le jugement de valeur qu’on porte sur «les autres», un jugement qui, une fois soutenu par une charte, risque d’en devenir que plus tranché, plus intolérant. Et pourtant, et comme le souligne fort justement Mme Gagnon : «Ce n'est pas parce qu'on n'a pas de religion qu'il faut refuser aux autres le droit d'en avoir une.»
Les Québécois ont l’envieuse réputation d’être un peuple tolérant, accueillant même et pourtant, la religion des autres nous dérange, ou en tout cas et selon le postulat de base qui a donné le ton à cette volonté de rédiger une charte, elle nous dérangerait puisqu’il faut en interdire les manifestations extérieures. Permettez-moi d’être sceptique. Et de ne pas aimer.
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