dimanche 30 juin 2013
Contravention
Se rajuster à la vie nordique, même temporairement, n’est pas toujours aussi facile qu’on pourrait le croire à prime abord. Il y a le climat, bien sûr, mais il n’y a pas que le climat : les règles sociales ne sont pas les mêmes et leur non-respect entraîne souvent une forme de punition qui n’est jamais bien agréable — comme toute punition qui se respecte d’ailleurs.
La police, entre autres, est en ce pays beaucoup plus présente qu’en Haïti, et sa fonction première, semble-t-il, n’est pas de «protéger et servir», comme l’affichent la plupart des polices du monde, mais plutôt de distribuer les contraventions routières qui font mal, surtout au porte-monnaie, comme quoi la police a depuis longtemps compris ce que je vous ai répété cent fois, à savoir que l’argent n’a pas d’odeur.
Comme tout le monde, je commets parfois quelques écarts à la loi qui n’ont rien de bien méchant ni de subversif, mais qui sont davantage une forme d’expression de la liberté individuelle, liberté que nos sociétés avancées sont censées garantir, incidemment. Sauf sur la route, bien entendu… Ainsi et parmi les légères entorses au code que je me permets, il y a les excès de vitesse, griller un feu rouge, ne pas faire son stop les quatre roues arrêtées (et dites-moi : qui fait un stop comme ça?), doubler sur une double ligne, les excès de vitesse (je les mentionne deux fois non sans raison) et, la plus constante et la plus inoffensive : le refus de porter la ceinture de sécurité.
Les voitures d’aujourd’hui comportent toutes un dispositif sonore qui vous rappelle que vous n’avez pas bouclé votre ceinture et la seule façon de contourner ce petit irritant sans retirer le relais coupable, c’est de la boucler, d’une façon ou d’une autre. Si bien que je boucle la ceinture derrière mon siège et comme ça, pas de bip incessant. Or, hier, alors que j’arrivais à un stop — que je comptais bien faire selon les règles, je le précise —, se dresse tout à coup un piéton qui, curieusement, porte l’uniforme de la police… Le temps que j’essaie d’attraper la ceinture de sécurité (coincée derrière mon siège), j’étais déjà à sa hauteur, couvert de ridicule, mais sans ceinture… En bon policier, le monsieur s’est gentiment moqué de moi, mais ne s’est pas privé de me refiler la contravention associée à cette infraction. Aïe!
Vous aurez deviné qu’il s’agit là d’une différence majeure entre le Québec — et par extension l’Amérique du Nord et l’Europe — et Haïti, pays où la police, qui représente vraiment les forces de l’ordre, a les mains pleines à veiller au maintien de l’ordre, justement, car le pays reste, sous ce chapitre, plutôt fragile. Le nombre de policiers par rapport à la population du pays étant nettement insuffisant, disons que les éventuelles contraventions ne sont pas prioritaires et du reste, pourquoi le seraient-elles? Le pays ne va pas plus mal pour cela et de toute façon, le peuple est tellement pauvre que la majorité des contrevenants choisiront un court séjour en prison plutôt que de se taper une amende salée. Ce qui n’est pas le cas par ici : en bon citoyen, je vais payer mon billet d’infraction et accepter la punition puisque, beau joueur, j’avoue ma faute. On dit que «faute avouée est à demi-pardonnée», mais je vous assure qu’en ce qui concerne les contraventions, rien n’est plus faux. Mon repentir n’intéresse en aucune façon les forces policières : seul mon argent compte…
Et d’ailleurs et pour tout vous dire, je ne me repens point. Fautif je suis, c’est vrai, mais repentant, non. Et puis, le policier a trouvé la chose tellement drôle que juste pour avoir égayé sa journée maussade, c’en valait presque la peine…
Presque. Totalement, c’eût été s’il m’avait laissé continuer mon chemin sans perdre son sourire et surtout, sans m’offrir cette #!!! »/$%*??&;^* de contravention…
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Hé! oui! La ceinture est de mise ici. Il y a une raison toute simple; le système de santé est publique. Alors,vu que les accidentés de la route sont moins amochés lorsqu'ils portent la ceinture, les coûts sont moindre pour le système de santé. Même chose pour le casque en moto.
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