jeudi 4 avril 2013
La mort n'est pas une fin
Le sujet n’est pas léger. Mais on doit l’aborder quand même, n’est-ce pas? La mort d’un ami n’est jamais bien drôle, surtout si l’événement n’était pas prévu. La perte de notre ami Keith Flanagan hier m’a profondément touché, et pas parce que nous étions proches et que nous nous visitions souvent, même s’il habitait Port-au-Prince. Mais comme avec la plupart des expatriés rencontrés à l’Hôpital Albert Schweitzer (mieux connu sous son acronyme HAS), les relations établies sont sincères et durables. Et oui, je pense qu’on peut parler d’amitié. Une forme d'amitié qui ne s'apparente pas vraiment au copinage, mais qui n'en reste pas moins authentique. Par ailleurs tout le monde était ami avec Keith; on ne pouvait pas ne pas être son ami. Cœur généreux, c'était un homme d’une trempe exceptionnelle, le genre de gars qu’on se demande d’où il sort avec son accent du sud (Oklahoma) si prononcé qu’on croit qu’il en met trop…
On ne sait pas de quoi il est mort. Mais pas de vieillesse en tout cas, car l’homme avait tout juste quelques années de plus que votre scribe... 65 ans peut-être, ce qui n’est pas vraiment la vieillesse, tout le monde sera d’accord là-dessus, et certainement pas une vieillesse capable d’entraîner la mort. D’un autre côté, a-t-on besoin d’être vieux pour mourir? On dit qu’une chandelle qui donne deux fois plus de lumière brûle deux fois plus vite et ce cher Keith dégageait une telle luminosité que l’on peut se demander si ce quasar n'était pas dû pour s'éteindre avant terme…Mais cela reste difficile à accepter, je ne vous le cache pas. Et je le redis : lui et nous n'étions même pas proches… Mais il est des hommes dont l’énergie nous ragaillardit, nous fait sentir plus forts, plus vivants et Keith était de ceux-là. Alors oui, sa mort m'affecte.
Et maintenant, la vie, à bout de souffle, a quitté ce cher homme… Je sais ce que vous allez me dire : que ça arrive dans les meilleures familles et qu’il faut bien se résigner. Et vous aurez raison. Mais il n’empêche que, tout comme on s’attriste davantage de voir le chêne séculaire déraciné qu'un simple bosquet d’aulnes, certaines personnes laissent à leur départ des trous plus grands, plus impressionnants qui nous obligent à l’arrêt, à la réflexion sur la valeur de notre propre vie.
On dit souvent que la santé reste notre bien le plus précieux. On le dit, mais on n’y croit pas vraiment. On préfère les biens quantifiables qu’on expose bien en vue pour que les autres puissent constater notre niveau de réussite sociale. De temps à autre, il est rafraîchissant de voir le vide à l’intérieur de ces évidences, de voir qu’en fait et comme le disait Saint-Exupéry : l’essentiel est invisible pour les yeux.
On dit que la mort n’est pas une fin. C’est, en fait, la traduction discutable d’un roman d’Agatha Christie dont le titre anglais est Death comes as the End. Un peu comme si la mort se présentait comme une fin alors qu’en fait, elle n’en est pas une puisqu’il n’y a aucune finalité associée à la mort. Du moins pas que je connaisse. Car vous en voyez un sens à la mort vous? Moi pas. Elle est toujours la fin de la vie, rien d’autre. Elle n’est pas une fin, certes, mais elle est la fin.
Voilà. Je voulais partager ce noir avec vous. Merci de votre tolérance.
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