dimanche 10 juillet 2011

Ces bonnes intentions qui pavent l'enfer


Pas vraiment le texte que je vous destinais aujourd'hui – attendu que je vous en destinais un –, mais voyant cet article, je n'ai pu résister. Quoi! Le maire de ma ville natale! En Haïti! Pour régler les problèmes municipaux! Et vous voudriez que je laisse passer cela?

N'empêche que lisez-moi ça sans rire :
«Selon M. Forest, les municipalités québécoises peuvent partager leur grande expertise de la gestion financière et des ressources humaines. Elles peuvent également mettre à contribution leur connaissance dans la gestion délicate des titres de propriété qui demeure problématique dans le pays des Antilles.»
Ben voyons! Dans un article précédent, publié le mois dernier, «la présidente du comité des relations interculturelles, Nathalie Goguen, a fait connaître son malaise face au projet [d'envoyer quatre employés de la Ville de Sherbrooke pour aide à la reconstruction d'Haïti]. "Je n'y crois pas", a-t-elle affirmé.» Voilà qui sonne déjà plus honnête. Car lire des inepties comme ce que je vous ai cité plus haut, c'est à rire ou à pleurer, c'est selon. Car c'est faux, irréaliste et irréalisable. En plus d'être prétentieux, arrogant et condescendant. En voulez-vous encore plus? C'est carrément malhonnête. Car la vraie raison de la visite de ces hauts personnages de l'administration municipale québécoise, c'est uniquement affaire de PR, comme on le dit couramment. Relations publiques, si vous préférez. Ce qui veut dire : des tas de belles paroles qui ne veulent rien dire, des repas bien arrosés qui s'étirent, des dossiers copieux indigestes et, en bout de ligne, des questions d'argent qui vont se ramener à une simple interrogation : combien?

J'avoue que ça ne me rend pas trop fier. Certes je comprends la nécessité pour certaines instances politiques de bien se faire voir, mais ne pourrait-on trouver autre chose que «la gestion délicate des titres de propriété», dans laquelle la plupart des Haïtiens pourtant versés dans la question y perdent leur latin? Or, la délégation québécoise, en quelques jours seulement, va mettre son expertise en marche et vous régler ça en un tournemain!... On dit aussi que le Père Noël va venir animer la prochaine soirée dansante aux Cayes, tiens...

Il n'empêche que ces déclarations à la con (Foglia serait d'accord) me rendent mal à l'aise et me font même un peu honte. Pas seulement parce qu'il s'agit du maire de ma ville natale, mais simplement à cause de l'arrogance/ignorance colonialiste qu'on sent derrière.

En tout cas, j'espère que ces dignitaires, venus passer du bon temps, essuieront quand même quelques sérieuses pluies, vivront quelques pannes de courant pour que la climatisation s'arrête, ne serait-ce que quelques minutes, et qu'ils puissent sentir la vraie chaleur et qu'ils aient un peu la turista, tiens, juste pour faire bonne mesure. Car de vous à moi, tout comme la dame ci-dessus, je n'y crois pas.

Mais qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour montrer qu'on veut aider Haïti?

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