mardi 28 juin 2011
Une histoire qui fait mal
Je suis tombé par hasard sur cet article la semaine dernière. Le sujet est grave et j'avoue que je ne savais pas trop comment l'aborder. Ne le sais toujours pas d'ailleurs. Mais voilà que je suis présentement plongé dans le dernier roman d'Harlan Coben, Caught ou Faute de Preuves si vous préférez la traduction française, dont l'intrigue tourne autour de la pédophilie, alors je me suis dit : c'est un signe.
Car il faut bien le dire, il se passe dans le pays des choses pas toujours catholiques qui s'entremêlent justement avec des fervents catholiques (ou leurs équivalents). Il faut dire que le pays s'y prête affreusement bien. Alors que la pédophilie internationale est maintenant bien installée sur le Net et accessible incognito à travers des réseaux secrets de mieux en mieux protégés, celle qui prévaut en Haïti est, par la nature même des choses, forcément locale et désorganisée. Ce qui ne la rend pas moins insidieuse ni dommageable pour autant.
Je n'ai pas besoin de vous dire qu'en Haïti, il y a beaucoup d'enfants. Il y a beaucoup de monde, dont beaucoup peu ou pas informés et donc, beaucoup de naissances non désirées qui finissent souvent par un abandon simple du nouveau-né à la porte d'un hôpital ou d'un orphelinat. Car il y a aussi, en Haïti, beaucoup d'orphelinats. En fait, les bons samaritains à court d'idées choisissent aisément cette porte humanitaire car elle s'ouvre sans peine et comble un besoin que l'on sait criant. Notez bien que je ne critique pas ces orphelinats champignons : ils répondent indéniablement à un besoin social profond et sans cesse grandissant. Ainsi, notre ami Peter, dont je vous ai déjà parlé, a fondé dans la zone un orphelinat pour jeunes filles seulement et j'atteste que le projet est non seulement admirable, mais donne de très bons résultats. Les jeunes filles ne sont plus dans la rue, elles vont à l'école et apprennent un métier qui leur permettra, possiblement, de sortir des ornières de l'exploitation sexuelle toujours présente dans l'ombre. Car ce n'est pas évident pour les orphelins «de père et de mère», comme on dit couramment. De là à imaginer que des gens peu scrupuleux pourraient, sous le couvert d'un orphelinat crédible, exploiter la veine sexuelle, il n'y a qu'un pas, et certains le franchissent allégrement, surtout s'ils se sentent protégés par la couverture de la religion. Car en Haïti, rares sont les personnes qui doutent de la sainteté de la religion et de ses tenants officiels. Ainsi, prêtres, frères, soeurs et associés bénéficient spontanément d'une couverture d'innocence et de bonté divine qui leur permet d'agir en toute impunité ou presque. Personne en effet n'oserait remettre en question leur intégrité et pourtant...
Vue sous cette angle, la sordide histoire de ce pasteur américain ne surprend plus. Vous allez me dire que la justice a finalement eu gain de cause et que l'odieux personnage est maintenant mis à jour; vous aurez raison. Mais notez bien le temps qui s'est écoulé depuis ses débuts : 15 ans! Pendant 15 ans, le monsieur a joué au porte-parole du Tout-Puissant, aussi bien dire qu'il était lui-même tout-puissant et qu'il pouvait faire ce qu'il voulait, sans souci des représailles. Oui, je sais, c'est assez écoeurant. Mais la chose n'en est pas moins réelle pour autant. Et pour tout vous dire, sans doute pas si exceptionnelle que ça...
Car c'est là tout le problème : les orphelinats, je le redis, sont une nécessité, a fortiori depuis le tremblement de terre. On ne peut les fermer tous le temps d'enquêter sur leur pratique professionnelle. Or, par définition, les orphelinats sont situés à l'écart des centres, souvent dans des enceintes clôturées où n'entre pas qui veut. Ce qui s'y passe s'y passe à l'abri des regards indiscrets et des inquisitions sceptiques. Tout se fait en catimini et, répétons-le, trop souvent sous le voile opaque de la religion. J'avoue que j'ai, pour ma part, quelques impressions que je garde pour moi, mais qui m'empêcheront sans doute d'être surpris le jour où certain chat sortira de certain sac...
En tout cas, reste à espérer que le vilain Américain pourra se faire servir en prison les traitements qu'il a fait subir aux pauvres enfants sous sa tutelle. La loi du Talion était peut-être primitive, mais elle avait du bon, avouons-le...
Et mon bouquin? Je suis à peine à la moitié alors trop tôt pour vous dire... Mais Coben est habituellement bon, alors...
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