samedi 21 août 2010

Wyclef : Out. Et après?


Depuis mardi dernier, ce billet est en veilleuse. Car c'est mardi dernier que le comité électoral analysait les candidatures à la présidence du pays, dont celle, contestable et contestée, de la vedette dont j'ai parlé naguère, M. Wyclef Jean lui-même. Or, ce n'est que ce matin que nous avons finalement su que le comité avait rejeté cette candidature, au même titre que 12 autres aspirants. Il ne reste que 19 candidats à la présidence, maintenant!... Seulement 19...

Bien que nul en politique haïtienne, je n'en pense pas moins. Et je pense que le comité a bien fait. Plusieurs, et pas des plus cons, s'étonnaient même que ce chanteur américain ait soudain décidé qu'il voulait devenir président du pays qui l'a vu naître, mais qu'il n'a jamais vraiment habité. Je vous cite d'ailleurs ce petit passage du texte de Nathalie Petrowski : "L'éditorial lui a aussi conseillé d'arrêter de mettre la charrue avant les boeufs et de commencer par habiter un pays qu'il a quitté à l'âge de 9 ans, avant de vouloir en devenir le président." Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, c'est plein de bon sens. Le texte de Mme Petrowski est d'ailleurs et comme toujours très bien ficelé sans pour autant faire preuve de partisanerie politique. Je vous le recommande, non pas parce que vous y apprendrez grand-chose, mais parce qu'il va dans le sens même de ce que je suis en train d'essayer de vous dire, à savoir que le monsieur Wyclef, tout populaire qu'il soit, n'a pas ce qu'il faut pour briguer ce poste, d'après le Comité électoral provisoire.

Tout de même, le suspense aura duré. Car on aurait très bien pu, considérant justement la popularité du chanteur, plier quelque peu le règlement et l'accepter dans la course. Mais bien que certains eussent pu se réjouir de cette entorse aux règles du jeu, une telle manœuvre aurait simplement souligné, comme si besoin en était, le manque de sérieux de tout le processus démocratique du pays. Or, il est des fois où il vaut mieux respecter un règlement boiteux que d'en rire publiquement, car alors, on tombe aisément dans la farce rabelaisienne, une pantalonnade distrayante mais vite oubliée. Bien sûr, on me dira que celui qui acceptera de prendre les rennes de ce pays devra être un peu fou ou en tout cas pas complètement conscient de ce que la tâche implique de titanesque, car personne de sensé ne prendrait cette charge. La situation actuelle dans le pays est tout, sauf ordinaire. La personne qui le représentera devra donc être extraordinaire. Vous en connaissez, vous, des gens extraordinaires? Moi, mis à part mon cousin Christian, je ne vois pas... (sans rancune Christian!)

Le pire, c'est que tous ceux à qui j'ai parlé de la candidature fantasque de la star m'ont répondu qu'ils croyaient en lui. Je dis "le pire", car cette foi ne s'appuie sur rien, Wyclef n'ayant jamais été engagé socialement pour le mieux-être du pays. Certes, vous me direz que la foi, par définition, se moque de la raison et vous aurez raison. Mais pour moi, même si elle peut transporter des montagnes, la foi ne peut suffire à faire d'un chanteur un président. Même s'il suit un "crash course" en Gestion de pays 101. Certains lecteurs sérieux et perspicaces diront que je me contredis par rapport à mon texte précédent mais c'est non. Je ne me contredis pas. J'ai dit que dans cette foire politique, dans ce vaudeville électoral, un chanteur pouvait avoir autant de chances de se révéler adéquat qu'un autre candidat. Mais encore faut-il que la base soit respectée. Ce comité, dont on ne dit pas grand-chose de bien dans le pays, a tout de même eu la tâche ingrate d'évaluer la candidature de tout ce beau monde (34 personnes, c'est quand même pas rien) et d'éliminer ceux et celles qui ne répondent pas aux critères d'admission. Voilà.

Reste que ça ne veut pas dire que cette décision va passer comme un couteau dans du beurre tiède. Plusieurs jeunes ont menacé de casser la baraque si le sieur Wyclef était éliminé avant la course et rien ne dit que ça ne va pas se passer. Seul point qui peut aider, Wyclef lui-même dit accepter la décision du comité électoral. Tant mieux, tant mieux. Ça va peut-être calmer les ardeurs manifestantes. Et qui sait? C'est peut-être lui-même qui a changé d'idée! Je vous cite encore Nathalie Petrowski : "Il n'a fallu que trois petites semaines pour que le capital de sympathie à son égard soit complètement dilapidé et pour que sa crédibilité fonde sous la méfiance." Anguille sous roche? On dirait, hein?

En tout cas, nous, tout ce qu'on souhaite c'est rien n'entrave notre plan de sortie du pays...

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