mardi 19 mai 2009

Ça pleut!


Ça pleut!

Il a plu un peu samedi, un peu plus dimanche, encore un peu plus lundi et pas mal la nuit dernière, de sorte qu’aujourd’hui mardi, c’est l’inondation. Il n’en faut pas plus dans le plat pays que nous habitons (Les Cayes est à 7 m au-dessus du niveau de la mer) pour que débordent les rivières et que l’eau envahisse (comme on dit en créole et avouez que c’est une belle image) les routes et les maisons. Ce matin, plus du tiers des employés sont incapables de venir au travail. Et ce n’est pas un caprice : nous sommes allés nous rendre compte de visu et la conclusion s’impose. Le paysage est complètement transformé, et là où se situe la route principale coule maintenant une rivière dont on ne connaît ni les bords ni la profondeur, ce qui fait que personne n’ose s’y risquer. Une telle situation dans un autre pays ferait l’exclusivité. Mais ici, bien que tout le monde en parle, tout le monde attend que ça passe, la nouvelle du jour étant cette femme qui a prétendument mis au monde un poisson!!! Drôle de pays, dites-vous? Je vous l’ai pourtant répété à maintes reprises…

Faut dire que toute cette pluie n’est pas venue sans tambour ni trompette, bien au contraire! Les trompettes se sont peut-être faites discrètes, mais les tambours ont largement compensé! Dieu ce qu’il a tonné! C’est d’ailleurs drôle qu’en français, le terme «orage» ne rende que faiblement ce que l’anglais appelle un «thunderstorm», sur le modèle du «snowstorm, hailstorm, sandstorm…», bref vous avez compris. C’était une vraie «tempête de tonnerre». Parce que pour péter, les amis, c’est pas de la merde, je vous le jure! Ici, le tonnerre s’entend et de loin! Comme il se doit, ça réveille et en grand. Certaines arrivent à se rendormir, mais pour moi c’est tintin. Surtout que, machinalement, je compte les secondes entre l’éclair qui blanchit la nuit et le fracas qui la remplit par la suite. Quand j’ai le temps de compter jusqu’à 10, je me dis qu’on n’est pas trop concernés. Mais quand, comme hier, j’ai tout juste le temps de compter jusqu’à 2, c’est que l’orage n’est qu’à 600 mètres environ, aussi bien dire qu’il est là, au-dessus de nos têtes… Non, ce n’est pas de la peur, mais plutôt un respect sincère pour cette expression d’une force naturelle qui nous ramène à notre dimension d’êtres chétifs... Donc j’ai passé mon temps à compter — non pas les moutons, comme je l’ai dit, mais les intervalles. Et si l’un endort, l’autre vous tient assez éveillé, je vous le garantis. Enfin, lorsque les éructations célestes diminuent, la pluie arrive comme un coup de vent — en fait, on peut presque confondre avec le vent, tellement c’est régulier et bruyant. Un peu comme une chute, tiens…

Et puis ça s’arrête et on constate les dégâts. Plusieurs sont assez mal pris, coincés dans leur maison envahie par l’eau ou bloqués par une route balayée par un torrent. Mais comme toujours, ça se résorbe, ça s’estompe, ça s’éclaircit, le soleil brille à nouveau et le pays s’assèche… jusqu’au prochain déluge! Et dire que la saison des ouragans n’est pas encore commencée…