mardi 4 novembre 2008

Le retour au travail



Le retour au travail est toujours difficile. C’est du moins ce que l’on dit. Pour nous et si l’on en juge à mon absence sur ce site, on conclura que ce retour fut sans doute éprouvant. Et pourtant, rien n’est plus faux. Le retour en Haïti ressemble davantage à un retour au bercail, là où l’on se sent bien, là où l’on peut respirer à l’aise.

Cela dit, le pain nous attendait sur la planche, pour ainsi dire… Notre remplaçante nous avait remplacés (eh oui!) avec cœur et efficacité, mais il fallait tout de même faire face à la musique habituelle, entre autres boucler les finances du mois précédent, dues depuis longtemps, et préparer la visite du grand chef. Si bien qu’octobre a passé et s’en est allé je ne sais trop où, sans doute au cimetière du temps… En tout cas, nous voici déjà en novembre, avec le mois d’octobre qu’on n’a pas vu et qu’il faut maintenant boucler et les projets d’automne—ou ce qui en tient lieu ici—à démarrer. Le travail, vous dis-je, y’a que ça…

Fin de la récréation québécoise, donc, et retour au boulot. Et pendant ce temps, comment vont les choses au pays exotique? Eh bien, elles vont tout doucement et personne ne s’en plaint. Les ouragans se font plus rares, et même si la saison n’est pas techniquement finie, on peut croire que c’est chose du passé, du moins pour l’année 2008. Les prix des denrées de base ont repris leur ascension fulgurante, que c’en est maintenant carrément inconvenant. Ça fait mal, comme on dit couramment en créole. On sait que cette flambée des prix risque fort de déboucher sur une autre flambée, celle-là bien réelle, de vieux pneus imbibés de gasoil, mais qu’y pouvons-nous? Et pendant ce temps, le peuple lutte, le peuple souffre, le peuple tient bon. Comment font-ils? Je l’ignore. La résignation dont j’ai parlé antérieurement peut-elle expliquer cette attitude? Oui; sans doute explique-t-elle bien des choses, mais pas tout. Il faut également mentionner le courage de vivre, alors même que la vie n’apporte rien en échange. Mais vivre, n’est-ce pas précisément cela? N’est-ce pas cet abandon, cette foi indécrottable que tout n’a pas à être modifié, ajusté aux exigences humaines? Ici en tout cas, il en faut, de la foi, car sans cela, le pays deviendrait vite un volcan aux épanchements de lave chroniques…

Cela dit, côté stabilité, le pays n’est pas le Bouclier canadien pour autant. C’est d’ailleurs là, pour ceux ou celles qui n’auraient pas encore compris où je voulais en venir, l’objet de mon propos d’aujourd’hui. Ça va mal en Haïti, messieurs dames. Les hausses de prix sont tellement énormes que les gens en rient. Et ça je vous le dis, ce n’est pas trop bon signe… Alors on attend. On ne sait pas trop quoi, mais on attend. Je souhaite vraiment me tromper. Je souhaite que le pays remonte tout doucement, sans avoir à traverser une autre tempête de violence sociale. Il me semble qu’une fois la saison des tempêtes passées, on aspire à un certain calme, pas vous? Or, présentement, c’est tellement calme que ce n’en est presque pas haïtien. Ou bien est-ce l’effet des élections américaines?